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Salonique: modèle pour un État juif

 

 

Le sultan ottoman Mehmed V a visité la ville de de Salonique (Grèce) en 1911 alors que son empire commençait à se détériorer autour de lui. Les Juifs de la ville ont réussi à l’accueillir. La grande majorité des juifs de Salonique étaient descendants de Juifs espagnols qui ont fui la péninsule ibérique en 1492. En 1519, les Juifs étaient la majorité de la population de la ville.

Reconquista, « Reconquête ») est la reconquête par les royaumes chrétiens des territoires de la péninsule Ibérique et des îles Baléares occupées par les musulmans. Il est communément admis que la Reconquista commença lors de la première moitié du VIIIe siècle. Elle s’achève le 2 janvier 1492 dans l’actuelle Espagne lorsque les « Rois catholiques » prennent le dernier bastion musulman à Grenade.

L’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492 est l’un des événements majeurs de l’histoire juive. Elle marquant la fin d’une présence millénaire et d’une culture épanouie sur le sol ibérique, elle entraîne une diaspora massive remodelant considérablement le visage des communautés juives du bassin méditerranéen et d’une partie de l’Europe occidentale, un développement majeur de la Kabbale et d’un phénomène inédit, le marranisme, dont les ramifications philosophiques contribueront à la modernisation de l’Europe et de ses idéaux.

Le décret de l’Alhambra est l’édit d’expulsion des Juifs, signé le 31 mars 1492 par les Rois catholiques à l’Alhambra de Grenade, trois mois après la prise de cette ville aux musulmans. Motivé par la volonté de christianiser totalement « les Espagnes » médiévales en prélude à leur unification, il entraîne, quatre mois plus tard, l’expulsion des Juifs d’Espagne. Certains juifs ont choisi la conversion et d’autres ont choisie l’exil, et notamment l’exile vers l’empire ottoman.

Les sources contemporaines de l’expulsion indiquent un nombre d’exilés variant entre 40 000 et 100 000. Quant aux conversions, elles s’élèveraient à environ 250 000.

A partir de 1492 Salonique devint progressivement un foyer d’accueil pour de nombreux Juifs en provenance d’Espagne soit directement, soit après un passage par le Portugal ou par l’Italie du Sud, pays qui adoptèrent aussi ultérieurement des arrêts d’expulsion. En effet, l’Empire ottoman se référant à la législation musulmane sur les gens du Livre (en arabe ahl al-kitâb) qui accordait une protection aux chrétiens et Juifs soumis au statut de dhimmi accepta et même encouragea l’installation sur son territoire des Juifs touchés par les décrets d’expulsion.

Les premiers Sépharades arrivèrent dès 1492 en provenance de Majorque. Ils étaient des « repentants » revenus au judaïsme après leur conversion forcée au catholicisme. En 1493, des Castillans et des Siciliens les rejoignirent puis, les années suivantes, d’autres Juifs issus de ses contrées vinrent mais aussi des Aragonais, des Valenciens, des Calabrais, des Vénitiens, des Apuliens, des Provençaux et des Napolitains. Plus tard, entre 1540 et 1560, ce fut au tour des Portugais de chercher refuge à Salonique à la suite de la politique de persécution des marranes de ce pays. En plus de ces sépharades arrivèrent quelques ashkénazes originaires d’Autriche, de Transylvanie et de Hongrie parfois transférés de force lors de sürgün, suite de la conquête de ces terres par Soliman le Magnifique à partir de 1526. Ainsi les registres de Salonique indiquent la présence de « Juifs de Buda » après la conquête de cette ville par les Turcs en 1541.

Tant et si bien qu’en 1519, les Juifs représentaient déjà 56 % des habitants et en 1613, 68 %.

En 1912, à la suite de la Première Guerre balkanique, les Grecs prirent le contrôle de Salonique aux côtés des Bulgares puis finirent par intégrer la ville à leur territoire. Ce changement de souveraineté fut mal vécu par les Juifs qui craignaient que le rattachement ne leur nuise, inquiétude renforcée par les propagandes bulgare, serbe et autrichienne qui souhaitaient rallier les Juifs à leur cause. Certains Juifs militèrent alors pour l’internationalisation de la ville sous la protection des grandes puissances européennes mais leur proposition ne reçut que peu d’échos, l’Europe ayant accepté le fait accompli. Les Grecs prirent néanmoins certaines mesures provisoires visant à favoriser l’intégration des Juifs comme en les laissant travailler le dimanche et en leur permettant ainsi d’observer le chabbat. L’économie tira bénéfice de l’annexion qui ouvrait à Salonique les portes du marché de la Grèce septentrionale et de la Serbie avec laquelle l’Hellade avait passé une alliance ; l’installation des troupes de l’armée d’Orient, à la suite du déclenchement de la Première Guerre mondiale, provoqua ensuite un regain de l’activité économique. Le gouvernement grec voyait d’un bon œil le développement du sionisme et l’établissement d’un foyer juif en Palestine, ce qui convergeait avec la volonté grecque de démembrer l’Empire ottoman. Mustafa Kemal Pacha, un homme d’État turc, fondateur et premier président de la République de Turquie de 1923 à 1938 naquit en 1881 à Salonique. La ville reçut la visite de grands leaders sionistes, Ben Gourion, Ben Zvi et Jabotinsky qui voyaient en Salonique la ville juive modèle dont devrait s’inspirer leur futur « État Israël».

 

FTU

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