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SARAH HALIMI : ASSASSINÉE PARCE QUE JUIVE, PAR MARC KNOBEL

 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

 

Quelle est cette vilaine propension qui consiste à relativiser, à ignorer, taire autant que faire se peut et/ou balayer du revers de la main le crime et les motivations antisémites d'un crime ? Quelle est cette propension étrange qui consiste à décriminaliser en quelque sorte un terroriste en le cataloguant de... fou ou de psychopathe, alors qu'il était par ailleurs sans antécédent psychiatrique ? Comme s'il serait par trop difficile de mettre un nom sur le crime, de dévoiler sa motivation profonde et de rappeler en cette circonstance justement les circonstances aggravantes du crime, des circonstances dramatiques pour la victime puisqu'elle a été sauvagement assassinée.

Oui, Sarah Halimi a été assassinée, parce que juive. Non, elle n'a pas été assassinée parce qu'elle habitait seulement un immeuble, parce qu'elle était une ancienne directrice de crèche, parce qu'elle aurait eu de l'argent, non pas par vengeance, non pas parce qu'elle était d'origine italienne ou portugaise. Et, quels sont ces titres grandguignolesques de la presse, qui se demandent encore si Sarah Halimi a été tuée parce qu'elle était juive ? Et quel est cet assourdissant silence dans les médias, de l'opinion publique et des pouvoirs publics ? Quelle est cette indifférence étrange ? A l'inverse, qu'est-ce que cette indignation sélective qui mobilise (toute) la presse (par exemple, après une interpellation musclée à Aulnay-sous-Bois durant laquelle Théo, un jeune homme de 22 ans, a été gravement blessé) ce que l'on comprend par ailleurs et/mais qui ne rend pas du tout compte de l'émotion, de la blessure, de la peur, ici ?
 

Je m'explique donc : Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure.

Les avocats ont tenu une conférence de presse le lundi 22 mai pour s'étonner de la "chape de plomb" qui pèse sur cette affaire. Les avocats évoquent aussi une "période médiatique" peu propice à la communication, du fait des élections présidentielles et législatives.

Mr Jean-Alexandre Buchinger, qui représente les trois enfants de Sarah Halimi raconte: "Mme Halimi a été surprise dans son sommeil par un terroriste venu pour la torturer et finir par la défenestrer (...) parce qu'il savait qu'elle était juive pratiquante (...) Il l'a massacré, le salon était plein de sang (...) il ne s'interrompait que pour réciter les sourates du Coran" (Le Monde, mercredi 24 mai 2017). Des témoins affirment avoir entendu une voix masculine crier "Allah Akbar", "c'est pour venger mon frère", "tu vas fermer ta gueule (...) tu vas payer", "sheitan", (diable, en arabe)... Selon un enregistrement de 6 minutes détenu par Me Buchinger, réalisé par un témoin immédiatement après la mort de Sarah Halimi, le suspect continuait donc de faire "des incantations" en récitant des sourates du Coran, et a crié à de nombreuses reprises "Allah Akbar". "Il a clairement manifesté (son islamisme) devant témoins, ajoute Alex Buchinger qui revient sur les faits. Il n'y a pas l'ombre d'un doute."

 

Quel est le profil de l'assassin ? Âgé de 27 ans, d'origine malienne et de nationalité française, cet homme était connu pour de nombreux faits de vols et de violence. Il est un délinquant multirécidiviste pour trafic de stupéfiants, dont a été évoquée une possible radicalisation en prison, ainsi que sa fréquentation probable d'une mosquée salafiste, connue pour des faits de radicalisation en 2014.

Or, la qualification de sa mise en examen dépendra des résultats de l'expertise psychiatrique.

Au moment où le Conseil représentatif des institutions juives de France et le Consistoire Central se sont portés partie civile, les avocats de Sarah Halimi réclament aujourd'hui la requalification en assassinat et que, bien évidemment, soit reconnue la circonstance aggravante à caractère antisémite, ainsi que la séquestration, les actes de torture et de barbarie.

Dans une autre affaire, nous fûmes confrontés également au silence et au déni

Le 1er décembre 2014, Jonathan, 21 ans, et sa compagne, âgée de 19 ans, sont agressés à leur domicile dans le quartier du Port, à Créteil (Val-de-Marne), par trois hommes. Un cambriolage violent au cours duquel la jeune femme est violée. Or, en février 2017, la qualification antisémite de l'agression avait été supprimée par le juge d'instruction chargé de l'affaire. Les agresseurs seraient donc poursuivis pour "viol en réunion", "vol avec arme", "séquestration", "association de malfaiteurs" et "extorsion", mais pas pour violences "en raison de l'appartenance religieuse".

Cependant nous apprenons ce 26 mai 2017 que le parquet de Créteil estime que les agresseurs qui ont braqué un couple à domicile et violé la jeune fille en 2014 les avaient ciblés à cause de leur religion. Là où le juge en charge de l'enquête n'avait donc pas retenu précédemment cette incrimination (Le Parisien, 26 mai 2017)

Il convient de faire toute la transparence. Car, le silence médiatique pèse lourd. Car l'indifférence pèse lourd. Car le déni pèse lourd.

Car le mensonge est une offense supplémentaire. 

Et, qu'un crime antisémite est un crime antisémite.

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