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Vous n'êtes pas des miens ! (info # 010812/16)[Désinformation]

Par Ilan Tsadik © MetulaNewsAgency

 

On a droit à un nouveau signe de l’ignorance crasse du quotidien Le Monde,au moins en ce qui concerne le Proche-Orient, qui démontre, une fois de plus, que ce journal exprime nettement plus de convictions que de connaissances.

 

Le "journal de référence" des beaufs qui n’aiment pas beaucoup les Juifs, particulièrement ceux qui vivent dans leur pays, vient de diffuser un reportage de sept photographies en noir et blanc, prises par une photographe française du nom de Catherine Cattaruzza, qui vit, précise le canard, "entre Beyrouth et Paris".

 

Fort bien au demeurant, sauf que son reportage est truffé de "petites erreurs" au niveau de la légende et de la localisation des endroits où ont été prises ces images. A part le texte et les photos, tout est absolument parfait.

 

Le reportage est proposé sous le titre : "Dans le sud Liban, l’apparence de la paix quand couve la guerre".

 

Titre abstrus s’il en est – il faut entretenir le drame pour rendre ces photos un tant soit peu intéressantes ! -, mais dans le domaine on s’y connaît dans le media fondé par le très catho Hubert Beuve-Méry, ayant tour à tour participé au Faisceau, le premier parti fasciste français, et, dès 1940, été directeur des études de l'Ecole des cadres d'Uriage. Une institution dont Beuve-Méry définissait lui-même la fonction : "Il faut à la révolution un chef [Pétain], des cadres, des troupes, une foi, ou un mythe. La Révolution nationale a son chef et, grâce à lui, les grandes lignes de sa doctrine. Mais elle cherche ses cadres".

 

Si je vous dis cela, c’est que je reste gêné par l’angle, toujours le même, par lequel les successeurs de Beuve empoignent l’information lorsqu’elle concerne les Israélites. Tenez, l’intro du reportage : "Établie par l’ONU en 2000 après vingt-deux ans d’occupation israélienne, la « ligne bleue » délimite une frontière provisoire entre le sud du Liban et Israël. Cette démarcation contestée, longue de 80 kilomètres, la photographe française Catherine Cattaruzza (…) a choisi de l’évoquer en pointillé".

 

Il n’y a guère que dans Le Monde et dans les media du Hezbollah, par exemple, que vous lirez que la ligne bleue délimite "une frontière provisoire", alors qu’elle épouse parfaitement – au mètre près - la ligne de partition définie par les deux pays à l’occasion de l’Armistice de 1949, et surtout, elle est reconnue par l’ONU comme délimitant pérennement la frontière internationale entre Israël et le Liban.

 

Il existait bien une prétention du gouvernement de Beyrouth, selon laquelle la région dite des Fermes de Chabat était libanaise [et non syrienne] et qu’elle aurait ainsi dû être restituée par Israël lors de son retrait du Liban en 2000. Mais le correspondant permanent de la Ména au pays des cèdres, Michaël Béhé, était parvenu à aider les diplomates à trancher définitivement cette affaire, en produisant dans nos colonnes le billet d’une livre libanaise représentant une carte géographique sur laquelle on identifie, au-delà du doute sensé, que les fermes en question se situent en Syrie.

 

Immédiatement après la publication de notre article, la Banque du Liban avait retiré le billet de la circulation, et le cas est souvent cité en exemple de la façon dont d’authentiques journalistes maîtrisant leur sujet peuvent collaborer à la solution de problèmes.

 

Autre imprécision : on nous dit que la photographe a choisi d’ "évoquer en pointillé" une "frontière longue de 80 kilomètres", or 4 des 7 photos sont prises à proximité immédiate de Métula, sur deux emplacements distants de 4km l’un de l’autre. Ce sont donc des pointillés pas très éloignés les uns des autres…

 

Mais que d’oublis dans un si court reportage et un texte plus restreint encore : à l’instar de la photo1montrant un mur du quartier général de la Force Intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), "mise en place pour confirmer le retrait des forces israéliennes du pays et garantir la paix et la sécurité dans la région", selon les successeurs de Beuve-Méry.

 

C’est presque ça mais cela reste tout de même terriblement incorrect, car nos "amis" du Monde sont… heuh… distraits… . En fait, le mandat de la FINUL (voir le site officiel de la FINUL) prévoit trois volets pour la fonction des soldats de la paix et non pas deux comme ils le prétendent. Il manque : "Aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité effective dans la région".

 

Or si la FINUL avait rempli son mandat, et si le gouvernement libanais avait voulu "restaurer son autorité effective dans la région", la photo2,montrant une réplique de la mosquée du Dôme [l’originale est à Jérusalem, elle est édifiée sur les décombres du Temple israélite] surmontée du drapeau de la "République" Islamique d’Iran, n’aurait pas pu être prise ; idem pour celle3du drapeau de l’organisation terroriste et reconnue comme telle par l’UE, le Hezbollah, face à Métula.

 

Là cela dépasse tout de même la photo de vacances, parce que si Beyrouth et la communauté internationale respectaient leurs engagements, ils n’auraient pas laissé s’établir des positions de la junte théocratique chiite et de ses vassaux libanais aux portes d’Israël. Et si c’était le cas, El Mundo aurait pu choisir un autre titre que "Dans le sud Liban, l’apparence de la paix quand couve la guerre", genre : "Dans le sud Liban, le retour de la paix promet à tous les habitants de tous les peuples, de toutes les nations et de toutes les communautés, des lendemains heureux".

 

Pourtant, le détail du mandat de la force onusienne ne saurait être plus clair sur ce point, précisant que sa tâche consiste à :

 

"aider les Forces Armées Libanaises à prendre des mesures en vue de l'établissement dans la zone mentionnée d'un dispositif de sécurité qui empêche la reprise des hostilités, notamment l'établissement, entre la Ligne bleue et le Litani, d'une zone d'exclusion de tous personnels armés, biens et armes, autres que ceux du Gouvernement libanais et des forces de la FINUL déployés dans la zone;".

 

Voilà, tout le monde – et Le Monde aussi donc – savent ce qu’il convient de faire si l’on entend "empêcher la reprise des hostilités".

 

Mais quid alors de l’intention d’un journal et de journaleux qui dissimulent à la connaissance de leurs lecteurs l’existence de ces dispositions onusiennes, et qui présentent, au contraire, les drapeaux du Hezb et celui des assassins iraniens d’homosexuels, de poètes, d’opposants et de femmes violées au faîte de leurs grues, comme s’il s’agissait de leur environnement naturel et autorisé, face à Métula ?  S’ils font ainsi litière des dispositions destinées à empêcher la guerre, est-ce qu’ils espèrent ou prônent le renouvellement des hostilités ? Et si ce n’est pas le cas, il faudrait qu’ils trouvent une explication dans l’urgence, car je n’en conçois aucune autre.  

 

Reste que si nos voisins provoquent la guerre à laquelle ils rêvent à haute voix plusieurs fois par semaine, les experts de la Ména prédisent qu’elle atteindra un niveau de destruction jamais encore égalé lors des conflits israélo-arabes. Au point que cela constituera probablement la dernière confrontation armée entre Jérusalem et Beyrouth, et l’ultime fois que l’on parlera du Hezbollah.

 

Le reportage au demeurant très innocent de Mme Cattaruzza pourrait, au moment de relever les morts et de distribuer les mauvais points, constituer un lit d’éléments à charge contre les agresseurs. Comme cela devient intéressant.

 

Plus, en tout cas, que les photos456prises à Adaïssé [à 15 mètres de l’endroit où les reporters de la Ména se rendent pratiquement tous les jours] et non pas sur "le promontoire de Kfar-Kila qui surplombe la « ligne bleue » et la Galilée", qui lui n’existe pas.

 

De telles erreurs à répétition sont gênantes vues par des pros de l’info. Elles sont parfois également saisissantes : les endroits d’où sont prises les trois photos du Monde à Adaïssé, ainsi que les barrières que l’on y voit, sont… en Israël, comme le prouve la carte que nous produisons et qui répercute avec précision la frontière déterminée par l’ONU.

 

Il ne s’agit pas d’un cas isolé, comme l’on peut s’en rendre compte sur le cliché suivant, pris en face de notre rédaction, des tronçons entiers de la route sur laquelle circulent des automobiles libanaises se situent en fait en territoire israélien. Et l’on ne doit qu’à notre mansuétude et à notre sens des responsabilités qu’Israël ne se réapproprie pas les terres qui lui appartiennent et qui sont reconnues comme siennes par la communauté internationale.

 

Moralité première : il vaut toujours mieux savoir où l’on met les pieds et éviter de raconter n’importe quoi ; surtout si l’on a pour vocation d’informer les autres. Seconde moralité : ces gens et leurs bidouillages à répétitions en sont dépourvus. Moralité universelle de cette histoire : Nous ressentons la même chose à l’égard de la plupart des journaleux français que le Général de Gaulle, lorsqu’il s’exclama à la face du fondateur du Monde, Hubert Beuve-Méry : "Vous n'êtes pas des miens !".

 

Nous n’avions pas d’atomes crochus, c’est le moins que l’on puisse en dire, avec l’auteur du "peuple sûr de lui-même et dominateur", mais pendant La Guerre, nous étions au moins dans le même camp.

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