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Gang des barbares : des condamnations aggravées

La cour d'assises d'appel du Val-de-Marne a légèrement aggravé, vendredi 17 décembre, les peines de sept des dix-sept accusés du "gang des barbares" rejugés depuis le 25 octobre pour le rapt et la séquestration et d'Ilan Halimi, un vendeur juif de téléphones mobiles de 23 ans tué par Youssouf Fofana en février 2006.

En l'absence de la famille Halimi pour cause de shabbat, la cour a prononcé des peines allant de huit mois d'emprisonnement à 18 ans de réclusion criminelle, ainsi qu'un acquittement. Elle a par ailleurs confirmé le verdict prononcé en première instance à Paris en juillet 2009 pour les 10 autres accusés. Ciblé parce qu'il était "juif donc riche" par Youssouf Fofana, le "cerveau" du gang qui comptait obtenir une rançon, Ilan Halimi avait été enlevé dans la nuit du 20 au 21 janvier 2006 grâce à l'entremise d'une jeune fille ayant servi d'appât.

Séquestré pendant 24 jours dans une cité de Bagneux (Val-de-Marne), il avait subi des tortures de la part de certains de ses geôliers. Retrouvé agonisant le 13 février, au bord d'une voie ferrée où l'avait laissé Youssouf Fofana après l'avoir poignardé et brûlé à l'essence, il était mort pendant son transfert à l'hôpital. Condamné en juillet 2009 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté pour ce crime antisémite, M. Fofana qui avait renoncé à faire appel ne se trouvait pas dans le box des accusés à Créteil.

Vendredi, les condamnations les plus lourdes [18 ans de réclusion] ont visé Jean-Christophe Soumbou, l'un des ravisseurs, et Samir Aït-Abdelmalek, condamné à 15 ans en première instance et considéré comme le bras droit de Youssouf Fofana. Un des geôliers d'Ilan Halimi - mineur au moment des faits et seul jugé à Créteil avec la circonstance aggravante d'antisémitisme - a vu sa peine de 15 ans de réclusion confirmée. La jeune fille - mineure au moment des faits et qui avait servi d'appât à Ilan Halimi - a, elle, été condamné à 9 ans de réclusion, comme au premier procès.

UN APPEL "INUTILE ET SCANDALEUX" POUR LA DÉFENSE

"Tout ça pour ça !" se sont exclamés plusieurs avocats de la défense qui dénonçaient ce nouveau procès comme "politique", organisé sous la pression des parties civiles et d'associations juives. "Je me réjouis que ce deuxième procès ait eu lieu et que les jurés et les magistrats aient résisté aux pressions du pouvoir en confirmant globalement les peines prononcée en première instance", a tempéré Me Françoise Cotta, une autre avocate de la défense.

Les peines de juillet 2009 à peine prononcées, Me Francis Szpiner - conseil de la famille Halimi qui ne pouvait faire appel en tant que partie civile - avait publiquement exhorté Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la justice, à ordonner au procureur général de Paris de s'en charger. Une démarche rare que la Garde des Sceaux avait accomplie dans la cour de l'Elysée à la sortie d'un conseil des ministres. Citée comme témoin à Créteil par les avocats de la défense qui souhaitait l'entendre justifier cet appel, Mme Alliot-Marie, devenue ministre des affaires étrangères, a fait savoir au président de la cour d'assises, Olivier Leurent, qu'elle ne se déplacerait finalement pas.

"Il ne m'appartient pas de me prononcer devant une juridiction sur la légitimité d'une pouvoir qui m'est attribué par le législateur, sauf à méconnaître le principe de séparation des pouvoirs ", a-t-elle expliqué dans un courrier du 15 novembre. La cour s'est rendue à cet argument.
Après plus de sept semaines de débats à huis clos auquel le père d'Ilan Halimi n'a jamais assisté et auxquels la mère d'Ilan Halimi est venue trois fois, Me Szpiner s'est félicité. "Tous les geôliers ont vu leur peine aggravée", a-t-il souligné regrettant en revanche une nouvelle fois "l'indulgence" des jurés envers la jeune fille-appât.

S'il s'est réjoui de "l'indépendance" dont la cour a fait preuve, Me Gilles Antonowicz, avocat de cette jeune fille, a dénoncé un appel "inutile et politiquement  scandaleux" organisé sous la pression d'un "avocat proche du pouvoir", en référence à Me Szpiner. "L'affaire comporte trois temps : l'enlèvement d'Ilan Halimi, la séquestration et l'assassinat, a rappelé Me Antonowicz, et l'assassinat a été commis par Fofana tout seul qui a été condamné à la peine la plus lourde prévue par la loi française." Me Spziner a par ailleurs indiqué qu'il poursuivrait son " combat " en faveur de l'allègement de la règle du huis clos systématique dans les juridictions pour mineurs.

La publicité des débats aurait, selon lui, eu des vertus pédagogiques puisque c'est " le silence qui a tué Ilan ". Soutenu par François Baroin, ancien collaborateur de son cabinet et député UMP - devenu depuis ministre du budget - Me Szpiner a déjà tenté d'obtenir un changement législatif sur mesure pour le procès en appel du gang des Barbares grâce à un texte qui vise à ériger en règle la publicité des débats, le huis clos devenant l'exception. Adopté le 16 février par les députés à 96 voix contre 13, ce texte n'a pas encore été examiné par les sénateurs qui ne l'ont pas jugé prioritaire.
Patricia Jolly

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