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Le plan audacieux et réaliste de Netanyahou pour « Le jour d'après le Hamas »

par Daniel Pipes
Wall Street Journal

Le mois dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a présenté au cabinet de sécurité israélien un court document intitulé « Jour d'après le Hamas » et dont le passage clé indique que Jérusalem envisage de travailler principalement avec les Gazaouis à la reconstruction de leur territoire. Le document indique : « Les affaires civiles et la responsabilité de l'ordre public reposeront sur des acteurs locaux ayant une "expérience en gestion" » et qui ne sont ni identifiés à des pays ou des organismes soutenant le terrorisme ni financés par ces derniers.

Dans le cadre de la mise en place de ce programme d'autonomie, l'armée israélienne a lancé un programme pilote informel de ce qu'elle appelle des « poches humanitaires » dans des zones du nord de Gaza débarrassées du Hamas. Ces organes de gouvernement locaux sont composés de dirigeants communautaires dont les tâches incluront la distribution de l'aide humanitaire et la révision des programmes scolaires.

L'idée d'une collaboration entre Israéliens et Gazaouis est courageuse, audacieuse et contestée. Elle se heurte à deux critiques principales. Premièrement, les États-Unis et d'autres gouvernements veulent remettre Gaza à cette Autorité palestinienne qui dirige la majeure partie de la Cisjordanie et cherche à détruire Israël. Deuxièmement, de nombreux Israéliens et Palestiniens insistent sur le fait qu'on ne pourra pas trouver à Jérusalem les « acteurs locaux » avec qui travailler.

Pourtant, le plan de M. Netanyahou – ainsi que l'optimisme qui l'anime implicitement – est correct. La proposition envisage une Bande de Gaza convenable dirigée par des Gazaouis convenables, ce qui n'est pas inconcevable. La plan reconnait que les Gazaouis endurent depuis 17 ans un enfer inédit à savoir leur exploitation par leurs dirigeants comme chair à canon à des fins de relations publiques. Contrairement à d'autres régimes dictatoriaux, qui sacrifient des soldats en vue de gains territoriaux, le Hamas sacrifie des civils en vue de gagner un soutien politique. Plus les Gazaouis endurent la misère, plus le Hamas peut, de manière convaincante, accuser Israël d'agression – et plus le soutien mondial qu'il reçoit est important en nombre et en intensité.

Cependant, de nombreuses preuves suggèrent que les Gazaouis refusent de servir de pions dans la stratégie du groupe terroriste. Deux sondages réalisés avant le massacre perpétré le 7 octobre par le Hamas montrent que les Gazaouis aspirent à une vie normale. Le premier, mené mi-2023 par le Washington Institute of Near East Policy, montre que 61 % des Gazaouis interrogés souhaitent que davantage d'emplois israéliens soient proposés à Gaza et en Cisjordanie. 62 % souhaitent que le Hamas maintienne le cessez-le-feu avec Israël et 67 % pensent que « les Palestiniens devraient se concentrer sur des questions pratiques... et non sur de grands projets politiques ou des options de résistance. » 72 % déclarent que « le Hamas a été incapable d'améliorer la vie des Palestiniens à Gaza » et 82 % conviennent que « les Palestiniens devraient faire plus d'efforts pour remplacer leurs propres dirigeants politiques par des dirigeants plus efficaces et moins corrompus ». 87 % estiment que « de nombreuses personnes sont davantage préoccupées par leur vie personnelle que par la politique ».

Le second sondage mené par le Baromètre arabe quelques jours avant le début de la guerre a montré que « la grande majorité des habitants de Gaza est frustrée par la gouvernance inefficace du groupe armé au moment où la population subit des difficultés économiques extrêmes. »

Ces constats ont été confirmés sur le terrain. Depuis le 7 octobre, des vidéos ont montré des foules de Gazaouis scandant « À bas le Hamas », maudissant les dirigeants du Hamas et proclamant : « La population veut mettre fin à la guerre. ... Nous voulons vivre ! » Le vol de l'aide humanitaire par le Hamas aurait de la même manière provoqué de la colère et des tensions parmi la population locale.

Le même esprit de résistance a commencé à percer dans les médias populaires. Des interviews en direct de Gazaouis sur les réseaux sociaux de médias arabes diffusent bien souvent par inadvertance des opinions critiques envers le Hamas et ses soutiens étatiques. Interrogé le 5 novembre par Al Jazeera, un homme âgé et blessé a déclaré à propos de membres du Hamas : « Qu'ils aillent en enfer pour s'y cacher ». Le journaliste lui a alors coupé la parole.

Ces éléments et d'autres indiquent que nombreux sont les Gazaouis qui veulent se libérer du Hamas. Bien qu'hostiles à l'État juif, il veulent à tout prix sortir de leur situation désastreuse actuelle même s'il faut pour cela travailler avec Jérusalem.

C'est pourquoi Israël peut raisonnablement s'attendre à rencontrer de nombreux Gazaouis prêts à coopérer pour créer une nouvelle structure de gouvernement capable d'assumer toute une série de missions allant de la police à l'infrastructure en passant par les services municipaux, l'administration, les communications, l'enseignement ou encore l'urbanisme.

Une Bande de Gaza convenable exigera un régime militaire israélien strict supervisant un État policier ferme, à l'instar de ce qui existe en Égypte et en Jordanie. Dans ces pays, les citoyens peuvent mener une vie normale à condition d'éviter les ennuis et de ne jamais critiquer le dirigeant. C'est à de telles conditions que Gaza pourra devenir convenable et économiquement viable. Comme on peut le voir ailleurs comme à Singapour et à Dubaï, la démocratie n'est pas nécessaire à la réussite d'un tel projet.

Si les Israéliens font preuve de la perspicacité et de l'endurance nécessaires pour y parvenir, ils pourront tirer quelque chose de positif de cette tragédie.

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