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MAÏMONIDE, par Didier Nebot

 

Au moment où la violence et l'ignominie touchent la France, je voudrais vous raconter la très émouvante aventure que j'ai vécue, pratiquement au moment où je prenais ma retraite de médecin.

 

C'était un 2019, j'étais invité à la faculté de médecine de la rue des Saints Pères à Paris, là où j’ai fait mes études, par une association de médecins, pour parler du livre que je venais d'écrire: "les bûchers d’Isabelle la catholique".

 

En arrivant là, 50 ans plus tard, j'étais surpris de ne pas y retrouver la statue de Maimonide, cet illustre médecin juif du 12ème siècle, qui trônait alors dans un des jardins de la fac, du côté de la rue Jacob. La statue avait disparu.

 

Vous n’êtes pas sans savoir que les étudiants en médecine terminant leurs études prêtent serment, en déclamant le serment d’Hippocrate. Quant à mon livre, les bûchers d’Isabelle la catholique, il se termine par le serment de Maimonide que déclame le héros de mon histoire.

 

Alors, à la fin de mon exposé j’ai moi, simple médecin, eut l’honneur de déclamer, devant un parterre de confrères multiconfessionnels, le serment de Maïmonide.

 

C’est la première fois que dans ce lieu prestigieux quelqu’un a pu rendre cet hommage à l’une des figures les plus marquantes du judaïsme.

 

Puisse la philosophie, l’humanisme et la tolérance de ce grand homme inspirer le monde pour les siècles à venir.

 

SERMENT DE MAIMONIDE

«Ô Dieu, remplis mon âme d’amour pour l’art et pour toutes les créatures. N’admets pas que la soif du gain et la recherche de la gloire m’influencent dans l’exercice de mon art, car les ennemis de la vérité et de l’amour des hommes pourraient facilement m’abuser et m’éloigner du noble devoir de faire du bien à tes enfants. Soutiens la force de mon cœur pour qu’il soit toujours prêt à servir le pauvre et le riche, l’ami et l’ennemi, le bon et le mauvais. Fais que je ne vois que l’homme dans celui qui souffre.

 

Que mon esprit reste clair près du lit du malade, qu’il ne soit distrait par aucune pensée étrangère, afin qu’il ait présent tout ce que l’expérience et la science lui ont enseigné ; car grandes et sublimes sont les recherches scientifiques, qui ont pour but de conserver la santé et la vie de toutes les créatures. Fais que mes malades aient confiance en moi et mon art, qu’ils suivent mes conseils et mes prescriptions.

 

Éloigne de leur lit les charlatans, l’armée des parents aux mille conseils et les gardes qui savent toujours tout, car c’est une engeance dangereuse qui, par vanité, fait échouer les meilleures intentions de l’art et conduit souvent les créatures à la mort. Si les ignorants me blâment et me raillent, fais que l’amour de mon art, comme une cuirasse, me rende invulnérable, pour que je puisse persévérer dans le vrai, sans égard au prestige, au renom et à l’âge de mes ennemis.

 

Prête-moi, mon Dieu, l’indulgence et la patience auprès des malades entêtés et grossiers. Fais que je sois modéré en tout, mais insatiable dans mon amour de la science. Éloigne de moi l’idée que je peux tout.

 

Donne-moi la force, la volonté et l’occasion d’élargir de plus en plus mes connaissances. Je peux aujourd’hui découvrir dans mon savoir des choses que je ne soupçonnais pas hier, car l’art est grand, mais l’esprit de l’homme pénètre toujours plus avant».

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