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Quand Israël se passionne pour le cédrat marocain

Aïcha Debouza - H24Info

De nombreux cédrats marocains ont été acheminés en Israël pour la fête de Souccot grâce notamment aux accords d’Abraham qui ont facilité les échanges entre les deux pays. Quelle est donc l’histoire de ce fruit très prisé par les Juifs?

Certains fruits ont plus marqué l’histoire des religions que d’autres. C’est le cas par exemple des dattes dont la consommation bat des records lors du mois de Ramadan. Et pour la religion juive, il y a le cédrat, appelé l’etrog en hébreu ou «Tronz» en darija. C’est même un symbole fort. Quel est donc ce fruit ? Et pourquoi est-il célébré lors de la fête de Souccot ? Qu’en est-il du cédrat marocain ?

Un produit de qualité

Ce fruit, originaire de l’Asie du Sud, plus précisément entre l’Inde orientale et le du sud de la Chine, s’est adapté merveilleusement aux climats corse et marocain. C’est l’un des trois ancêtres des espèces d’agrumes aux côtés du pamplemousse et de la mandarine. Tous les agrumes connus aujourd’hui ont été fabriqués à partir des croisements de ces trois espèces. Son goût citronné situe le fruit entre le citron très floral de Menton, le pamplemousse rose de la Floride et le citron Meyer, un hybride d’oranger et de citronnier.

En Corse, en Sardaigne ou encore au Maroc, on favorise la replantation de cédratiers et on encourage la population à valoriser l’arbre «citron». «Israël importe beaucoup de cédrats du Maroc. Avec la Corse, le Royaume produit l’une des meilleures qualités du fruit. La plupart des religieux juifs se retrouvent au Maroc pour acheter l’etrog marocain afin de fêter la Souccot lors de l’année de la shmita», explique Simon Skira, président fondateur de l’association d’amitié Israël-Maroc en 1995.

La shmita ou chemitta est une année sabbatique définie par la Torah pour l’agriculture. Tous les sept ans, les agriculteurs juifs doivent observer une année de jachère pour la terre. Il leur est interdit de cultiver, récolter et de consommer les produits de la terre, obtenus pendant cette période. L’année qui précède la Shmita, il y est donc nécessaire d’accumuler du stock de produits agricoles pour la consommation au cours de l’année de jachère, ainsi que pour l’ensemencement de l’année qui suit.

«L’exportation marocaine d’etrogs a certes été facilitée cette année par le récent rétablissement des relations entre le Maroc et Israël et le lancement par Royal Air Maroc de vols directs reliant Casablanca et Tel-Aviv. Mais même avant, Israël importait le cédrat du Maroc, et ce, depuis très longtemps», explique Simon Skira. Les chiffres de l’Agence télégraphique juive confirment cet engouement. Cet organisme nous apprend aussi que la production d’etrog au Maroc remonte à près de 2.000 ans. Le premier arbre aurait été planté dans les montagnes de l’Atlas par des Juifs qui se sont installés dans la région nord-africaine après la destruction du Second Temple de Jérusalem.

Toujours d’après la même agence, les etrogs cultivés localement sont divisés en trois catégories allant des meilleurs produits «Aleph-Aleph» vendus à plus de 80 dollars américains au Maroc aux types moins chers connus sous le nom de «Bet» et «Gimels» au prix de 15 et 10 dollars respectivement.

Un fruit sacré

«Au fil des ans, la plante a été cultivée par les juifs marocains pour leurs cérémonies religieuses. Cependant, ils recouraient souvent au soutien de leurs voisins musulmans lorsque la saison des cultures tombait une année shmita», poursuit l’Agence télégraphique juive. Pourquoi ce fruit est-il si sacré ? «Il apparaît dans la Torah à l’occasion de la Succot: Vous prendrez pour vous le premier jour, un fruit de l’arbre Hadar, des palmes dattiers, et un rameau de l’arbre ‘Avoth et des saules de rivières, vous vous réjouirez devant Hachem, votre dieu, pendant sept jours», poursuit Simon Skira.

Selon la tradition juive, ce fruit parfumé est l’une des quatre espèces (avec le saule, la myrte et la palme de dattier) qu’il faut tenir à la main pour réciter certaines prières de Souccot. C’est l’une des trois fêtes de pèlerinage prescrites par la Torah, au cours de laquelle les juifs célèbrent « dans la joie l’assistance divine reçue par les enfants d’Israël lors de l’Exode et la récolte qui marque la fin du cycle agricole annuel. »

Durant Souccot, les fidèles doivent prendre quatre espèces de fruits, comprenant un Loulav (branche de dattier), un Étrog (cédrat), trois Hadassim (branches de myrte), et deux Aravot (branches de saule) pour former le bouquet, en mémoire de l’exode du peuple juif de l’Égypte pharaonique et l’épreuve de passer plusieurs jours dans le désert.

Ces quatre espèces symboliseraient les quatre types de Juifs, ayant différents niveaux de connaissance de la Torah et de pratique des Mitsvot (commandements inscrits dans la Thora). S’ils s’unissent et s’entraident, toutes leurs fautes seront pardonnées. En tous cas, quelle que soit l’interprétation qu’on leur donne, les quatre espèces sont les invités d’honneur de la soucca (cabane) lors de la fête des Tabernacles, pendant laquelle, selon la tradition, on doit séjourner sous tente pendant sept jours.

«Israël n’importe par contre pas les trois autres espèces parce que le pays en produit assez. Hormis l’etrog, je ne pense pas que les autres soient consommés par les Marocains musulmans», écrit l’Agence télégraphique juive.

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