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La tolérance envers les minorités en France en hausse mais variable selon qu'on est juif, musulman ou Rom

Rédigé par Lina Farelli | SaphirNews

           
L'indice de tolérance des Français envers les minorités progresse mais les préjugés racistes restent tenaces selon la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, qui a remis au gouvernement un nouveau rapport annuel bardé de recommandations.

La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a remis, lundi 18 juillet, son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie à Isabelle Rome, ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, la Diversité et l'Egalité des chances. Le baromètre annuel de l’institution de promotion et de protection des droits de l’Homme révèle que les Français continuent d’être globalement plus tolérants pour atteindre 68 points (sur un maximum de 100), un « constat très encourageant » pour la CNCDH.

« Si l’on peut se réjouir du niveau global de tolérance tout à fait inédit », elle déplore néanmoins qu’il soit « variable » selon les minorités et que « certains groupes de la population demeurent rejetés, victimes de violences et de discriminations ». Ainsi, « les préjugés à l’égard des musulmans restent élevés. Les Roms font l’objet d’un racisme banalisé. (…) L’antitsiganisme est une forme de racisme décomplexée qui ne décroit pas en France ».

Calculé par minorités, l’indice de tolérance s’établissait en 2022 à 80 à l’égard des Noirs, 79 à l’égard des juifs, 74 à l’égard des Maghrébins, 62 à l’égard des musulmans et 52 à l’égard des Roms. « On retrouve la hiérarchie habituelle de l’acceptation des minorités », indique la CNCDH, qui rappelle cependant que la progression de l’acceptation des Maghrébins (+ 16 points par rapport à 2013) « dénote certes un refus fort des discriminations, notamment à l’embauche, mais les préjugés qui peuvent toucher les personnes d’origine maghrébine et, dans une moindre mesure, d’Afrique subsaharienne suivent désormais un "cadrage musulman". Or l’acceptation de cette religion a certes progressé, mais les débats de la présidentielle ont été particulièrement brutaux pour cette communauté religieuse ; autrement dit au quotidien les personnes d’origine maghrébine risquent d’être plus souvent discriminés non pour leur origine mais parce qu’on leur suppose une religion ».

L'islam mieux accepté mais la plus mal perçue des religions

Parmi les personnes interrogées, 38 % pensent que « l’islam est une menace contre l’identité de la France » (44,7 % en 2019) ou encore 45 % que « les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics » (48,2 % en 2019 ). A noter aussi car le chiffre est en augmentation, 37 % pensent que « les Juifs ont un rapport particulier à l’argent » (34,1 % en 2019), Cette perception est « globalement avant tout présente chez les tranches d’âges les plus âgées » (48 % des personnes âgées de 60 ans et plus contre seulement 24 % des jeunes de 18 à 24 ans).

Alors que la religion juive bénéficie d’une image davantage positive (36 %) que négative (18 %), ce n’est pas le cas de la religion musulmane, qui est aujourd’hui « la moins bien perçue des grandes religions présentes en France », avec une perception positive que pour 31 % des Français, contre 28 % qui la perçoivent négativement. Toutefois, 83 % des personnes interrogées acceptent les musulmans comme des membres à part entière de la communauté nationale.

« Conséquence de ce sentiment, 81 % considèrent qu’il faut permettre aux musulmans d’exercer leur religion dans de bonnes conditions », tandis que « de nombreuses pratiques musulmanes sont d’ailleurs considérées aujourd’hui comme ne posant pas de problèmes pour vivre en société » comme le jeûne du Ramadan, l’interdiction du porc et de l’alcool et les prières. « Néanmoins, certaines pratiques sont encore vues comme posant problème » et, en premier lieu, le port du voile intégral (75 %) mais aussi le port du voile (50 %) ou encore l’interdiction de montrer l’image du Prophète Muhammad (48 %).

Dans le même temps, 82 % des personnes interrogées pensent qu’« une lutte vigoureuse contre le racisme est nécessaire en France » (76,1 % en 2019), tout comme la lutte contre l’antisémitisme (76 %, +4 points) et l’islamophobie (73 %, +3 points).

Faire reculer le sentiment d’impunité

La CNCDH s’inquiète aussi du « maintien à un niveau élevé de la délinquance à caractère raciste enregistrée par le ministère de l’Intérieur en 2021 ». « 1,2 million de personnes seraient victimes chaque année d’au moins une atteinte à caractère raciste. Or, moins de 1000 condamnations sont prononcées chaque année pour infraction à caractère raciste ou commise avec la circonstance aggravante de racisme », lit-on. Par ailleurs, « en matière de discrimination, aucune condamnation n’a été prononcée en 2020 ».

« Faire reculer le chiffre noir]i (désigné par la CNCDH comme « l’ensemble des actes racistes non déclarés, qui échappent donc à la justice », ndlr) permet de lutter contre le sentiment d’impunité des auteurs, de restaurer les victimes dans leur dignité et de resserrer les liens de confiance entre les minorités et les institutions de la République », estime la CNCDH.

Des campagnes de sensibilisation et des formations toujours nécessaires
Parmi les 55 recommandations pour prévenir et lutter contre le racisme sous toutes ses formes en France, l’institution recommande notamment de renforcer l’usage des dispositifs de pré-plainte et de plainte en ligne et « d’intégrer dans le logiciel de prise de plainte un item "discriminations" qui devrait être systématiquement rempli pour orienter de façon plus efficace les investigations ».

Par ailleurs, « faire reculer l’intolérance nécessite de mieux sensibiliser les Français pour combattre les préjugés parfois inconscients et pour prévenir les discriminations » à travers des campagnes de sensibilisation « co-construites avec l’ensemble des personnes concernées », à déployer sur un temps long. La CNCDH souligne également « l’importance de valoriser la "culture du débat" promue dans le cadre de l’enseignement moral et civique et de généraliser l’Éducation aux médias et à l’information (EMI). Il est indispensable de former le personnel éducatif et de mettre à disposition des outils facilement mobilisables pour éduquer les élèves à un usage civique des outils numériques ».

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