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Premières leçons du conflit Ukraine-Russie, par David Bensoussan

 

Il est possible de tirer des premières conclusions touchant à différents aspects de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.

L’Alliance du sabre et du goupillon n’est plus surannée

Au cours de l’histoire, Byzance s’est considérée comme la seconde Rome. Lorsque Constantinople tomba aux mains des Ottomans en 1453, le patriarcat de l’Église orthodoxe passa à Kiev avant d’être déplacé à Moscou en 1589. L’empire russe s’est toujours considéré comme le successeur de l’Empire byzantin, comme la 3e Rome. Le président russe Poutine s’appuie sur l’Église dans sa volonté de restauration de la puissance impériale.

En 2018, le patriarche orthodoxe de Constantinople a accordé l’autocéphalie à l’Église orthodoxe ukrainienne. Ce schisme n’a jamais été reconnu par le patriarche orthodoxe moscovite Cyrille pour qui la guerre actuelle est « un affrontement métaphysique contre les forces du mal. »

De la fiabilité des États-Unis

Quand la perception de la force de dissuasion est affaiblie, la sécurité est en danger. À la limite, si le pouvoir de dissuasion est dégradé, la sécurité s’éclipse. C’est ainsi que l’on peut expliquer l’invasion russe de l’Ukraine qui survient après le retrait des États-Unis d’Irak et d’Afghanistan. Même les pays du Golfe ont refusé de répondre à l’appel du président américain pour mieux planifier l’écoulement du pétrole tant ils sont outrés par les concessions américaines à l’Iran dans le cadre du nouveau round de négociations des 5 +1 sur le nucléaire iranien.

Néanmoins, l’administration Biden a divulgué des détails embarrassants tout comme la préparation d’une vidéo russe montrant une prétendue attaque ukrainienne au Donbass, vidéo qui pourrait servir de prétexte à une intervention russe. Des photos satellites déclassifiées montrent par le détail le déploiement des forces russes. L’information divulguée a été hautement précise ce qui montre que le renseignement américain contrôle bien la situation quand il s’agit de l’adversaire traditionnel qu’aura été l’Union soviétique durant la guerre froide.

Le président Biden s’est concerté avec les pays de l’OTAN et tous sont à l’unisson.

Se prémunir en cas de bouleversements majeurs

Deux crises mondiales ont secoué le monde : la crise du Covid a affecté la planète alors que les gouvernements n’étaient pas prêts à s’y attaquer. La crise de l’économie mondiale s’est déjà traduite par une inflation importante, affectant des secteurs entiers tels ceux de l’aviation, du tourisme ou de l’industrie manufacturière. Des précautions de contingence seront désormais de mise.

La guerre en Ukraine va entraîner une hausse considérable du prix du blé qui va affecter plus gravement les pays du tiers monde. Le fait que l’Europe a décidé de décommander les hydrocarbures russes et de chercher des sources alternatives va causer l’augmentation du Brent et des produits dérivés de la pétrochimie.

Le pacifisme utopique remis en question

Être dans son bon droit n’est pas suffisant. Pour éviter d’être victime de la force brute, il faut avoir un minimum de pouvoir de résistance armée. N’en déplaise aux pacifistes, nous allons assister à une nouvelle course aux armements.

La notion de destruction mutuelle assurée est peut-être dépassée

La notion de destruction mutuelle assurée veut que toute attaque nucléaire soit contrée par une contre-attaque dévastatrice. D’une part, le cran de sécurité qu’a représenté le tabou de l’arme nucléaire a été relâché par les menaces du président Poutine qui devait surement faire référence aux engins balistiques tactiques pouvant faire usage de bombes atomiques de faible puissance.

D’autre part, c’est la crainte d’une telle éventualité qui a fait que le président Biden a montré une résolution sans faille au cours des dernières semaines. Mais il a également déclaré à l’avance qu’il n’entrerait pas en guerre pour éviter une confrontation militaire avec la Russie. Ce pays s’est senti libre d’agir à sa guise.

L’Iran en a certainement pris note.

Les dangers d’une conscience engourdie

Lorsque la Russie a rasé des quartiers entiers de la ville de Grozny en Tchétchénie, les pays démocratiques n’ont pas réagi. Il en va de même pour les bombardements des villes du Nord de la Syrie par l’aviation russe. Il n’y a pas eu de blâme grave lorsque la Russie a occupé des parties de la Géorgie et de l’Est ukrainien, dont la Crimée. L’appétit du président Poutine pour des incursions territoriales n’a fait qu’aller croissant.

Les images de l’Ukraine bombardée horrifient parce que l’Europe a joui d’une paix relative depuis la Seconde Guerre mondiale. Il est fort probable que dans le subconscient des démocraties, l’atrocité de la guerre était l’apanage de pays lointains moins civilisés.

Il faut se rendre à l’évidence. La guerre est dans la nature humaine. Le cœur peut en enrayer l’autodestruction si la conscience est en état d’alerte.

Et pour autant que la sagesse prévale.

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