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Azur à jamais : Hommage a Arrik Delouya

J'ai eu la chance d'avoir deux frères dissonants.

L'ainé m'a initiée à une vie épicurienne, jalonnée d'un art de vivre incontestable et d'une poursuite de l'excellence.

Le cadet dans la personne d'Arrik fut mon premier pygmalion.

Ce n’est pas rien.

A l'âge de 6 ans, il m'a enseignée l'hygiène, craignant le savon dans les yeux, je différai tout contact avec l'eau. Il me glissait des pièces de dirhams pour m'inviter dans la baignoire familiale.

Il quitta Marrakech autour de 18 ans, sous l'emprise d'un mouvement socialiste sioniste et immigra en Israël. Il vécut au kibboutz Carmia 8 ans dans la joie et la fraternité.

Avec ce frère, une belle correspondance nous unit lors de mon adolescence.

Il m'initia à Marx, Weber, aux sciences humaines puis aux surréalistes. Une préférence pour Paul Eluard, son poète favori.

Leader spontané et libre d'esprit mais jamais manipulateur.

Il m'ouvrit à la nécessité de caresser une utopie, de s'y tenir pour traverser les aspérités de ce monde.

A 14 ans je le rejoignais en Israël, fascinée par ses valeurs d'humaniste.

Etant mineure, il se porta tuteur.

Je vécu en Israël 3 ans dans le mimétisme de son idéologie inspirante.

Son parcours intellectuel n'eut de cesse de se déployer. Il devint sociologue et écrivain. Ses livres relatent une richesse séphardique et une fidélité sioniste.

Durant de nombreuses années, il se préoccupa des orphelins. Dans divers pays il leur créa des crèches d'accueil.

Le hessed (la compassion) fut son moteur d'action.

Très concerné par le patrimoine, il s'appliqua à restaurer les cimetières Juifs du Maroc.

Il y a 3/ 4 ans, il réalisa un très beau film " Marrakech la Juive "où il relate son attachement à la culture sépharade.

Marié, père, grand-père comblé, il savait minimiser ses nombreuses épreuves de santé. Son objectif résidait à s'entourer de sa famille.

Juste un mauvais pressentiment lors de sa dernière escale dans les hôpitaux.

Son départ coïncide avec la paracha Terouma ( prélèvement / offrande) qui lui ressemble. Mon frère savait partager en ancien kibboutznik, il distribuait aux défavorisés.

Il nous a quitté durant le mois d'Adar, associé à l'extension de la joie. Cette simha qui le caractérisait.

Son regard azur nous poursuivra, comme son éthique rigoureuse, vérifiée tout au long de son parcours de vie.

Que son âme s'élève.

Sa petite sœur, Vanessa De Loya

vanessaorient@yahoo.fr

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