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Perspectives moyen-orientales, par David Bensoussan

La sécurité de la région est affectée par le désengagement américain du Moyen-Orient. La question est de savoir si la Russie ou même la Chine ne comptent pas prendre le rôle des États-Unis. Les liens israélo-américains seront-ils aussi serrés qu’ils le sont actuellement ?

À l’heure actuelle, Israël dispose d’un avantage technologique et militaire par rapport aux autres pays du Moyen-Orient et œuvre de consort avec les États-Unis sur un grand nombre de problèmes reliés à la défense. Cela n’a pas toujours été le cas. Ainsi, Israël avait décidé de bombarder la centrale nucléaire Osirak en Irak et celle construite par la Corée du Nord en Syrie sans en avertir qui que ce soit. En sera-t-il de même avec l’Iran ?

Lorsque le président Biden déclare ne pas vouloir laisser l’Iran disposer de l’arme nucléaire, il n’est pas sûr qu’il signifie qu’il veut se contenter seulement de l’arrêt du développement des missiles de longue portée capables de transporter une bombe atomique. De son côté, Israël a alloué un budget spécial substantiel destiné à se préparer à une attaque contre les centres nucléaires iraniens.

L’Iran défiant

L’Iran agit par l’intermédiaire de milices chiites au Liban et en Irak (Hezbollah) ou pseudos chiites en Syrie (Alaouites) et au Yémen (Houtis) et a précipité ces pays dans la ruine. Régulièrement, Israël attaque les convois d’armes iraniens destinés au Hezbollah qui visent à ajouter des systèmes de navigation de précision aux dizaines de milliers de missiles et roquettes entreposés au Liban. Mais il n’est pas certain que tous ces systèmes expédiés par l’Iran aient été détruits.

Il est clair qu’en cas de guerre, une pluie de roquettes s’abattra sur Israël et qu’il ne sera pas possible de les intercepter toutes. Le dommage sera grand, mais le Liban en ressortira complètement anéanti. Les dernières confrontations entre Gaza et Israël ont été un test iranien de tirs de missiles en rafales qui ont été détruits pour la plupart par le dôme de fer israélien.

Le gouvernement Biden a cherché à renouveler l’accord des 5+1 sur le nucléaire iranien et était disposé à envisager la fin des sanctions contre ce pays. Or la réponse iranienne a été une de confrontation, du moins en public. Pourtant, l’Iran a désespérément besoin de la levée des sanctions économiques et fait face actuellement à une crise de Covid grave. Incidemment, l’Iran vient tout juste d’accepter une vérification des installations nucléaires conjointe avec l’Agence internationale de l’énergie atomique.

La Russie en arrière-plan

Jusqu’à présent, la Russie a permis à Israël de bombarder les convois iraniens sans toucher à l’armée syrienne à moins que celle-ci n’intervienne. Les lanceurs de missiles syriens qui se sont aventurés à agir contre Israël ont été détruits.

L’accord israélo-russe a été respecté. La Russie a grincé des dents lorsqu’un avion de surveillance russe a été abattu par un missile syrien. Cet accord semble être remis en question, notamment du fait que la Russie tient à vendre à l’ensemble des pays de la région son système aérien S-400 et les interventions militaires israéliennes nuisent indirectement à la crédibilité des systèmes de défense russes. Une rencontre s’est tenue entre les ministres des Affaires étrangères Benny Gantz et Sergueï Lavrov afin de remettre les pendules à l’heure.

Les pays du Golfe sont mécontents du fait que les États-Unis ont retiré leurs missiles Patriot d’Arabie. Ils sont également préoccupés par le retrait américain d’Afghanistan et de 3 des 13 bases américaines en Syrie. Aussi, la Russie tente de se rapprocher des pays sunnites du Golfe dans le domaine de la défense.

Du même pas, la Russie a consenti un prêt de 5 milliards à l’Iran destiné à la centrale nucléaire de Bushehr et planifie des voies ferrées pour faire de l’Iran une plaque tournante dans la région une fois que les sanctions contre l’Iran seront éliminées.

La Chine en second plan

Les administrations américaines successives ont demandé à Israël de cesser la collaboration technologique étroite avec la Chine (12 à 20% des compagnies israéliennes de haute technologie ont été acquises par la Chine). Néanmoins, le port de Haïfa qui est le principal port d’Israël a été rénové et est passé sous administration chinoise pour les 25 prochaines années.

Israël doit naviguer entre les pressions américaines et l’avancement des relations technologiques et économiques avec la Chine. Ce pays est en train de conclure une entente avec l’Iran lui promettant un investissement de 400 milliards dans les prochains 25 ans (le ministre des Affaires extérieures chinois a néanmoins déclaré que la Chine fournirait des vaccins contre le Covid à l’Iran une fois que ce pays aura signé les addendas afférant au dit investissement).

L’Iran a été récemment admis à l’Organisation de coopération de Shanghai instituée par la Chine et la Russie, regroupant à ce jour dix pays d’Asie centrale afin de collaborer en matière d’économie et de politique.

Ramallah et Gaza dans l’arrière-cour

La discorde la plus complète règne entre l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas de Gaza, ce qui entrave les perspectives d’un accord global entre Israël et les Palestiniens. Pour Israël, la paix avec les Palestiniens est illusoire tant que persistera l’enseignement de la haine. Israël a également émis de sérieuses réserves sur les centaines de millions de dollars versés aux auteurs d’attentats terroristes par l’Autorité palestinienne. Néanmoins, Israël a consenti un prêt de 150 millions de dollars à l’Autorité palestinienne et négocie de nouveaux arrangements.

Indifférent aux pertes humaines, y compris des siennes, le Hamas se lance dans des bombardements indiscriminés à partir de Gaza, encouragé qu’il est par l’Iran et soutenu par la Turquie. Il n’en demeure pas moins que le nouveau gouvernement israélien a proposé d’impulser l’infrastructure économique à Gaza. Les chances d’une collaboration raisonnable sont toutefois minimes.

Bien que l’échiquier moyen-oriental soit en reconfiguration, il ne faut pas se fier à la seule logique ou au bon sens pour conclure que l’accalmie perdurera, car il y va de l’intérêt de tout un chacun. Bien des tendances irrationnelles persistent au Moyen-Orient. Une petite déflagration est susceptible de dégénérer en conflit généralisé.

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