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Un juif américain d’origine marocaine raconte sa Marche Verte à Laâyoune

Un juif américain d’origine marocaine raconte sa Marche Verte à Laâyoune

 

 

Des rues ornées du drapeau marocain. Des enfants chantant. Des gens au-dessus des voitures criant leur amour et leur admiration pour leur pays. Nous sommes à Laâyoune en 2015. C’est la célébration du 40e anniversaire de la Marche Verte.

 

Texte original paru sur Morocco World News et traduit par Mohamed Koné

Quand j’ai été invité à la célébration du 40e anniversaire de la Marche Verte à Laâyoune, j’étais excité, mais également un peu sceptique à propos de ma sécurité. Après ma confrontation avec Aminatour Haidar à Washington, je savais que je devais toujours assurer mes arrières et faire attention à qui je fais confiance. Après que mes deux nouvelles amies chères Hayat Noufouss Zidane, présidente de la Fédération Femmes Marocaines & Femmes du Monde, et Nicole Elgrissy, journaliste juive marocaine à Casablanca, ont insisté pour que je vienne, j’ai décidé de prendre part aux festivités.

Nicole et moi avons voyagé ensemble: deux juifs en chemin pour Laâyoune pour montrer notre soutien au Maroc et son intégrité territoriale. Bien sûr, notre identité juive a rendu notre expérience encore plus unique, car cela a eu lieu plus de 50 ans après l’exode massif des juifs du Maroc. Notre participation démontrait le fort lien que les juifs marocains gardent avec le Maroc, où qu’ils vivent dans le monde. Nos identités marocaines ont joué un rôle important dans notre sens d’appartenance et d’unité nationale aux côtés de nos compatriotes musulmans.

Nous étions évidemment très émus, car c’était notre première visite à Laâyoune. Lorsque l’avion a survolé le Sahara marocain, nous ne voyions rien dehors à part du sable sans fin. C’était en début de soirée. Et, sorties de nulle part, nous avons aperçu des lumières: un immense éclat émergeant des sables. C’était la ville de Laâyoune, brillante comme une perle. Dès notre atterrissage, nous pouvions sentir la ville dont nous avions toujours entendu parler. Nous pouvions sentir sa «marocanité».

En débarquant de l’avion, Nicole s’est arrêtée brusquement et m’a dit «Joshua, prends ton téléphone et faisons une vidéo de nous chantant Laayoune Einiya». Nicole et moi voulions capturer le précieux moment de notre arrivée. Le fort sentiment d’esprit national marocain nous a envahi et laissé sans voix. 

En roulant le long des principales avenues de la ville, nous pouvions sentir l’unité. C’était une perle dans le désert. De larges avenues ornées de maisons magnifiquement décorées reflétaient l’infrastructure moderne de la ville. Nicole et moi étions à la fois impressionnés et submergés par l’émotion. Tout au long de notre séjour, nous avons été émerveillés par la diversité et l’unité présentes dans cette perle; cette perle nommée Laâyoune.

C’est une ville spéciale. C’est une ville qui reflète le vrai sens d’être Marocain. C’est une ville où l’unité prend une nouvelle signification. Une signification au-delà de la fierté nationale. Elle montre la mosaïque et l’union de tous les Marocains, de toutes les régions, et leur soutien à la cause de la préservation des droits nationaux du Maroc à ses terres historiques, qui ont été exploitées et pillées par les puissances coloniales européennes.

Lors des festivités, j’ai été surpris par le nombre de personnes qui m’ont reconnu et connaissaient mon histoire. J’ai été entouré de nombreux journalistes qui ont pris des photos de moi dans une tenue traditionnelle sahraouie. Des personnalités se trouvaient au même endroit que Nicole et moi.

Lorsque j’ai approché la chanteuse marocaine Asma Lmnawar pour une photo, je lui ai dit que j'étais Américain et que j’avais des racines marocaines. Son visage s’est tout de suite illuminé. Elle m’a répondu qu’elle me connaissait, et que pour elle, j’étais simplement un Marocain, comme tous les autres. Elle m’a aussi dit qu’elle était fière de moi, et qu’elle a vu ma vidéo virale avec Aminatou Haidar. Elle m’a conseillé de continuer dans cette voie et a sorti son propre téléphone pour prendre des photos avec moi. J’étais bien sûr sans voix et agréablement surpris qu’une célèbre chanteuse marocaine sache qui j’étais avant même que je ne me présente.

Des mots aussi touchants qui me rappellent l’importance des jeunes comme moi, qui s’impliquent dans des causes importantes.  Nos voix comptent, car nous sommes le futur. Nos aînés doivent nous former et nous préparer à devenir les prochains leaders du monde.

Dans mon cas, Nicole Elgrissy a été ma principale source d’encouragement et d’inspiration. Elle m’a toujours encouragé à aller de l’avant et à ne jamais laisser qui que ce soit faire obstruction à mes convictions et mon amour pour le Maroc. Nicole est un modèle pour les Juifs marocains – elle clame haut et fort son patriotisme et ses sentiments profonds pour sa patrie et le roi Mohammed VI. Elle était adolescente lorsque le Maroc a récupéré son Sahara en 1975, alors ce voyage était une expérience extraordinaire pour elle, surtout en tant que juive qui n’a jamais quitté le Maroc. Être accompagné par elle a rendu mon expérience encore plus mémorable et plus enrichissante.

En plus de Nicole Elgrissy, le rabbi Jacky Kadosh, président de la communauté juive à Marrakech, a également pris part à la fête en compagnie de son épouse. A la fin des réjouissances vendredi, nous avons célébré tous ensemble notre Chabat. Et sous le ciel étoilé du Sahara, nous avons invité nos compatriotes musulmans à partager le souper. Nous étions là, juifs et musulmans regroupés autour d’un souper à Laâyoune en 2015. Cette belle scène montre le lien indissoluble qui unit les juifs et les musulmans au Maroc et la beauté du pluralisme dans notre royaume.

Ce que j’ai vu à Laâyoune cette semaine est un message fort à la communauté internationale, pour lui dire que les Marocains sont un peuple fier et que nous n’oublierons jamais notre histoire et nos droits souverains dans une Afrique du Nord post-coloniale.

Le 40e anniversaire de la Marche Verte rappelle aux ennemis du Maroc qu’ils ne réussiront jamais à affaiblir l’esprit du peuple marocain. Ils n’empêcheront jamais les foules déchaînées de Marocains de célébrer leur amour pour le Sahara marocain. Pour moi, participer en tant qu’Américain montre mon soutien pour la première nation au monde à avoir reconnu l’indépendance de mon pays. Ma participation en tant que personne ayant des racines juives marocaines montre que je n’oublie pas mes racines et la terre où mes ancêtres ont vécu pendant des centenaires.

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