Share |

Retro Verso : Chanter l’amour à tue-tête

Retro Verso : Chanter l’amour à tue-tête

Rédigé par Houda BELABD

 

Emile Zrihan. Ce nom vous interpelle-t-il ? Il s’agit d’un contre-ténor qui sillonne les quatre coins de la ronde dans l’unique optique de promouvoir la musique classique judéo-marocaine. Rétrospection dans sa vie de virtuose.

C’est en 1952, à Rabat, que le contre-ténor Emile Zrihan pousse ses premiers cris. Dès ses premiers pas, ses cordes vocales ont commencé à surprendre son environnement immédiat: ses proches et ses maîtresses d’école. Quand il chantait des comptines et autres berceuses, ses prestations finissaient en tonnerres d’applaudissements.

«Enfant, quand je chantais devant notre premier téléviseur, je baissais le son sur une chanson d’Abdelhalim Hafez ou de Farid Al Atrache et me mettais à chanter à leur place», nous avoue-t-il, non sans humour.

C’est ainsi qu’il a été initié, très tôt, au chant liturgique juif, à la chanson judéo-marocaine et moyen-orientale. En 1963, il émigre en Israël avec sa famille et continue ses études de hazanout, soit de chant synagogal, découvrant entre autres la musique des piyoutim (des poèmes judaïques riches en discours moralisateurs) auprès du rabbin Shlomo Ouanounou. Il fait preuve d’un talent époustouflant pour le chant et donne son premier concert à l’âge de 13 ans. Ce fut alors une de ses plus grandes réalisations. Une expérience qui l’a galvanisé et lui a donné envie de se frayer un chemin dans la cour des grands.

Il est dès lors inscrit pendant de nombreuses années à la programmation régulière d’une grande émission télévisée. Une des plus connues et des plus regardées en Israël. Ce qui signifie, en d’autres termes, que le petit Émile a commencé à se faire connaître dans la rue, dans sa ville et partout dans ce pays du monde.

Quelques années plus tard, son étoile commence à briller au-delà des frontières. Sa voix de contre-ténor d’une rare intensité a fait de lui la pépite qui manquait cruellement à la chanson judéo-marocaine. Qu’il chante en hébreu, en arabe ou en italien, il sait, mieux que personne, enthousiasmer des foules et un public sans cesse grandissants, ses thèmes de prédilection étant la vie, l’amour, le vivre-ensemble et l’appel de la mère patrie. «Je chante pour le Maroc, pour Israël et pour la terre entière», nous dit-il à coeur ouvert.

Au moment des offices religieux, plus particulièrement à la grande synagogue d’Ashkelon, où il est le chantre attitré, les frissons sont toujours au rendez-vous. Fin connaisseur de la musique arabo-andalouse et classique orientale, il chante et enchante dans plusieurs registres musicaux, aussi bien religieux que profanes.

Aussi, aborde-il avec une maîtrise troublante les répertoires arabes, qu’ils soient maghrébins ou moyen-orientaux. Il se distingue surtout dans l’art du Mawwal, ces improvisations chantées, généralement sur les thèmes de l’amour et des supplices de la séparation.

Son talent a été divulgué et acclamé au grand public en 1997 à Berlin, lors de la World Music Expo où une standing-ovation lui a été consacrée pendant plus d’une minute.

Mais force est de constater qu’en sa qualité de soliste, Emile Zrihan demeure un fervent défenseur du patrimoine musical marocain au sein de l’Orchestre Andalou d’Israël. Aussi, s’est-il beaucoup produit en Europe et en Amérique du Nord où il est adulé et toujours attendu par ses deux premiers publics : marocain et israélien.

Sur les nombreux albums auxquels il a collaboré, citons «Ashkelon» sorti en 1998 sous le label allemand Piranha, «Andaloussiya» sous le label Koliphone, ou encore les trois volumes de ses «Chants judéo-marocains» sous le label NMC.

Houda BELABD

Commentaires

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
CAPTCHA
Cette question permet de s'assurer que vous êtes un utilisateur humain et non un logiciel automatisé de pollupostage (spam).
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.

Contenu Correspondant