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Pourquoi y a-t-il une détestation entre juifs, chrétiens et musulmans ? Par Thérèse Zrihen-Dvir

Pourquoi y a-t-il une détestation entre juifs, chrétiens et musulmans ?  Par Thérèse Zrihen-Dvir

Oui, pourquoi, puisque en principe ces trois religions vénèrent un même Dieu !

Il est parfois très difficile d’assimiler les causes de cette détestation des juifs par les musulmans et les chrétiens, alors qu’en principe ces trois religions ont vécu et se sont développées presque côte-à-côte, surtout au Moyen-Orient.

Tout comme pour le christianisme, l’islam a puisé ses sources du judaïsme, et même s’est approprié certaines légendes juives que Mahomet aurait falsifiées et/ou amalgamées à sa création de l’islam afin de l’équilibrer. Ce qui n’est pas le cas du christianisme qui, lui, ouvertement base sa religion sur l’Ancien Testament, avant de lui amalgamer le Nouveau Testament.

Nous n’allons pas faire une comparaison entre le judaïsme, le christianisme et l’islam, mais plutôt procéder à une sorte d’enquête des origines de cette détestation.

Selon des études récentes sur l’origine de l’islam, il convient de retenir deux idées clé : la première que l’islam serait né dans le cadre d’une diffusion du judéo-christianisme en Arabie ; la seconde que l’islam comme religion séparée aurait été instauré par les califes après la mort de Mahomet, dans le cadre de la mise en place d’un « empire conquérant » et d’un pouvoir « califal théocratique ».

Quelle que soit l’approche, un fait largement accepté est la présence d’éléments juifs et/ou chrétiens dans le Coran ou de leurs influences sur l’islam naissant. « Tenter d’isoler les origines de l’islam de la culture qui l’a engendré inhibe notre compréhension. L’islam n’était pas un culte isolé, comme en témoigne le Coran lui-même ».

Plusieurs approches, non exclusives, ont permis de comprendre les raisons et implications de tels éléments intertextuels. Geneviève Gobillot  qui s’est spécialisée dans le domaine de l’intertextualité dans le Coran est arrivée à la conclusion que l’une des fonctions essentielles du Coran est de guider la lecture afin parfois de confirmer et parfois, « de faire ressortir la vérité des Écritures antérieures ».

Ce constat semble être devenu un consensus depuis quelques années parmi les spécialistes. Ainsi, pour Cuypers, l’influence biblique ne se résume pas à des emprunts ou à des plagiats mais doit être comprise comme dans le cadre d’une volonté coranique de relire ces textes-sources et de les réorienter « dans le sens d’une théologie nouvelle, proprement coranique ».

D’autres chercheurs perçoivent davantage le Coran comme étant un lectionnaire empruntant largement à la littérature biblique et chrétienne : « Utilisant ces sources, y compris aussi des passages des évangiles dits apocryphes, Mahomet et ceux qui l’ont aidé auraient ainsi constitué leur propre lectionnaire (qurʾân, mot qui n’est pas arabe, mais qui vient du syriaque qeryânâ, i.e. lectionnaire et de l’hébreu quri’a), pour leurs propres besoins ».

Tous ces éléments en principe auraient dû servir et guider les musulmans vers une entente et un rapprochement théologique des trois principales religions monothéistes. Or, cela n’a jamais été le cas.

L’intention était de créer un remplacement ou substitution, comme fut le cas du christianisme dans son accusation des juifs d’avoir crucifié « le fils de leur dieu », engendrant du même coup une raison de leur meurtre et de leur haine qui se perpétua sur de longs siècles.

Pour l’islam, l’assassinat brutal des citoyens juifs de Médine résultait du refus catégorique des juifs de se convertir à l’islam : aux alentours du 11 février 624, le prophète Mahomet rompt avec les tribus juives de Médine en choisissant de prier non plus vers Jérusalem mais vers La Mecque. Cette rupture va déboucher sur un combat à mort. Sensible à la théologie juive, le Prophète s’en inspire au commencement dans ses recommandations sur le jeûne et les interdits alimentaires relatifs au porc. Il adopte le calendrier lunaire des juifs, avec des mois réglés sur les cycles de la Lune. Il fixe le jeûne pendant le mois de Ramadan, qui coïncide avec le début de la révélation coranique mais aussi avec la fête juive de l’expiation. Et il prescrit à ses fidèles de se tourner vers Jérusalem pour la prière.

Il n’empêche que seule la tribu des Aws s’est ralliée à Mahomet (il est d’ailleurs possible qu’ils aient été arabes et non juifs). Les trois autres communautés juives de Médine persistent dans leur refus de se convertir à la nouvelle foi. Ces juifs reprochent en particulier à Mahomet de détourner le sens des textes bibliques.

C’est la bataille du puits de Badr qui sonna l’hallali des juifs de Médine qui s’étaient apparemment abstenus de participer à l’attaque. Mahomet décide d’en finir avec les juifs de la troisième et dernière tribu de Médine, les Banu-Kuraiza, qu’il accuse d’avoir soutenu les assaillants. Au terme d’un siège de 25 jours, les juifs sont contraints de se rendre. Mahomet confie à l’un de ses compagnons, un membre de la tribu des Aws, le soin de les juger. Ce dernier recommande de mettre à mort les hommes selon l’ancienne loi hébraïque ! Dont acte. Les musulmans décapitent 600 à 700 hommes et les ensevelissent dans une grande fosse de la place du marché de Médine. Ils se partagent les biens de la tribu, ainsi que les femmes et les enfants.

Ayant échoué dans son grand remplacement ou substitution, Mahomet reprend à la lettre, le programme du christianisme et se lance à la conquête du monde des prétendus mécréants, qui seraient à l’évidence les juifs et les chrétiens.

En fin de compte, il ne s’agit pas d’une guerre de religion, mais surtout d’un moyen efficace de convaincre les fidèles à le suivre dans ses conquêtes qui n’avaient d’autres objectifs que l’appropriation de terres, la soumission des peuples, et l’adjonction de leurs réserves naturelles et richesses.

Rome devint un empire avec pour empereur l’église et le pape, et la Mecque un autre empire avec en tête un califat.

 De nos jours, avec l’émancipation, l’ouverture des annales de l’histoire et leur diffusion au sein des peuples, le christianisme et l’islam perdent beaucoup de leurs adeptes, surtout au sein des intellectuels et sous les régimes démocratiques. Si l’islam est beaucoup plus prépondérant, c’est surtout à cause du degré d’inculture et d’émancipation de ses adeptes.

Ceux comme les mollahs d’Iran, les monarchies des pays arabes, qui  n’ignorent pas les sources de leur religion, n’ont d’autre excuse que leur soif d’expansion, d’autorité, d’arrogance et de prestige. Tant pis, si leurs concitoyens/adeptes paient de leur vies leur candeur et ignorance de la réalité.

Thérèse Zrihen-Dvir

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