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Le port de la kippa

Le port de la kippa

 

 

 

C’est une très vieille coutume juive que de se couvrir la tête par signe de respect. Dans le Talmud on raconte que Rav Houna ne marchait pas quatre pas la tête découverte. Un autre rabbin conseille à son fils d’avoir toujours la tête couverte en signe de « crainte du ciel ».

Les cohanim se couvraient la tête dans le Temple (Exode 28.4). Le fait de défaire sa chevelure (rafouy harosh) était une mesure d’humiliation et de deuil.

« 31 ainsi parle le Seigneur Dieu : Bas la tiare, plus de couronne ! Tout à l’inverse ! Que ce qui est bas s’élève, que ce qui est élevé s’abaisse ! » (Ezéchiel 21.31)

« David montait la pente des Oliviers, s’avançant en pleurant, la tête défaite et nu-pieds ; et tout le peuple à sa suite avait également la tête défaite et montait en pleurant. » (2 Samuel 15.30).

Dans la guemara Shabbat 115b, on donne un rabbin en exemple qui ne faisait jamais quatre pas sans avoir la tête couverte en marque de piété.

Dans la guemara Brakhot 51a, on nous raconte qu’un rabbin se couvrait la tête pour dire une bénédiction.

On voit donc que se couvrir la tête était une mesure de piété (minhag hassidout). C’est comme cela que les poskim l’on entendu et ils n’y ont pas vu une obligation (Kolbo dans Beit Yossef OH 91).

Cependant la coutume s’est établie de se couvrir pour prier, notamment en Espagne et en France médiévales. Et la mesure de piété veut qu’on se couvre la tête en tout lieu.

Mais le Or Zaroua signale qu’en France (médiévale) tout le monde ne respectait pas cette coutume durant la prière et il n’était pas rare de voir des gens prier tête découverte.

Le Maguen Abraham voulu rendre obligatoire le fait de se couvrir la tête durant la prière afin de se différencier des chrétiens. Mais beaucoup de commentateurs ne furent pas d’accord avec lui.

Pour le Gaon de Vilna il n’y a aucune interdiction d’avoir la tête découverte dans la vie de tous les jours sauf à son avis pour les rabbins importants, par contre il pense qu’il faut se couvrir la tête pendant la prière par mesure de respect.

La raison de la coutume de se couvrir la tête est donc avant tout une mesure de modestie. Il existe également une autre raison : la volonté de montrer sa différence et sa judéité. Cette seconde raison a toujours beaucoup influencé les coutumes juives.

De nos jours la Kippa est de rigueur dans toute synagogue (sauf certaines synagogues réformées) et au cours de toute cérémonie juive. Celui qui se promène avec une kipa toute la journée fait acte de piété.

Par contre, il est tout à fait légitime pour le commun des juifs de ne pas en porter sauf pour prier.

La question a pris un nouveau tournant avec les lois sur le voile islamique en France ; dans ce contexte il me semble normal pour un juif de ne pas insister sur ce point et de ne pas froisser les gens, ou pire, s’attirer des ennuis.

On peut donc très bien ne pas mettre de kippa dans un lieu public et dans certaines circonstances on doit même ne pas en mettre, soit pas respect pour la laïcité, soit pour ne pas s’attirer d’ennuis du fait de la montée de l’antisémitisme.

Le chapeau noir :

Le fait pour certains juifs ultra-orthodoxes de mettre un chapeau en permanence repose avant tout sur la volonté de se distinguer tout en se couvrant la tête en marque de piété. Il existe en effet dans le judaïsme l’idée de cette distinction vis-à-vis des autres et particulièrement des non-juifs, mais cela n’a pas toujours été pratiqué et cela demeure très discutable.

Par ailleurs, on voit de nos jours des rabbins porter le chapeau en toutes circonstances, y compris dans des réceptions publiques, pour donner une leçon ou même une conférence… pour eux, le chapeau noir est devenue une forme de distinction et de marque de leur fonction. L’exemple du grand rabbin Bernheim qui depuis qu’il est devenu Grand rabbin de France se montre toujours avec un chapeau alors que ce n’était pas sa pratique auparavant est éloquent.

Cette pratique est un peu curieuse car elle a tendance à faire du rabbin une sorte de personnage sacerdotale portant un costume reconnaissable, comme c’est le cas pour les prêtres chrétiens ou les moines bouddhistes. Curieusement, on peut trouver que cela est une forme d’imitation des clergés non-juifs. Le costume noir et le chapeau sur la tête ont remplacé d’une certaine manière ce que fut la soutane des rabbins consistoriaux au 19e siècle.

Dans le mouvement Massorti, aucune personnalité rabbinique, aussi importante soit-elle, ne portera un tel costume et un tel chapeau. Beaucoup sont scrupuleux de se couvrir discrètement la tête (kippa), mais aucun ne cherchera à fait remarquer sa fonction par l’intermédiaire d’un costume spécifique et encore moins d’un grand chapeau. Nous tenons à ce que le rabbin soit un homme comme les autres, proche des gens et accessible, que seule la qualité de l’enseignement et la conduite pieuse distinguent.

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