LE MOT VIEILLESSE, par Jacques Hadida

LE MOT VIEILLESSE

Dans le mot vieillesse, il y a le mot vie.

Je vais ne permettre de jouer avec ces deux mots et peut-être donner un sens.

Le mot vieillesse, signifie-t-il la fin de la vie?

Et pourtant ce suffixe ´esse ´ donne plutôt un caractère positif au mot:

Pensons à jeunesse, tendresse, caresse, délicatesse..

Je sais que si je fouine d’avantage, j’en trouverai d’autres.

Je reconnais cependant que ce même suffixe se trouve d’ans d’autres mots au caractère plutôt négatif, comme : paresse,  maladresse, petitesse, mollesse

Mais restons positif

Nous reconnaissons que la vie est quelque chose de fort, d’impérieux, de fascinant, de primordial. Si c’est donc le cas, pourquoi tous, autant que nous sommes, semblons craindre cette vieillesse?

Et pourtant, certains dirons que vieillir, c'est la seule façon de vivre longtemps, que vieillir c'est passer de la passion à la compassion. Il est vrai que nous voulons tous arriver à vieillir ... mais être vieux c'est autre chose.

N’est-il pas vrai que l'homme reste vieux longtemps, puis il vieillit soudain pour de bon et il meurt. Avant de mourir, il s’est souvenu que les jeunes gens marchaient  en groupes, les adultes en couples, mais que les vieux marchaient seuls.

Pourquoi les  jeunes pensent-ils  que les vieux sont idiots, alors que les vieux savent que les jeunes le sont. Il va certes falloir leur rappeler que dans les yeux des jeunes brille peut- être la flamme , mais que dans  les yeux des vieux brille la lumière.

Un proverbe persan dit que la  vie est un rêve dont la mort nous réveille...alors que pour  Vladimir Nabokov la vie est une grande surprise. Pourquoi la mort n'en serait pas une plus grande..

C’est Jean d'Ormesson, dans son Histoire du Juif errant qui nous a lancé cette merveilleuse phrase qu’il n'y a pas de vie qui soit dominée par l'ombre de la mort. Et tout l'effort de la vie est de repousser l'idée de la mort par le jaillissement, par l'abondance, par l'accumulation de la vie.

Alors que bien avant lui, Sénèque nous rappelait que c’est bien peu de choses que la vie, mais c'est une immense chose que le mépris de la vie. Et la vie serait-elle supportable sans ses plaisirs, que la passion des cœurs?

A lire toute ces belle paroles qui n’aime pas la vie? J’avoue que n’ayant pas le temps durant la vie, occupés que nous sommes par ces fameuses obligations,  c’est , arrivés à la vieillesse que ces paroles prennent leur valeur.

Et souvenons-nous  que la vie se doit d’être bien forte pour nous faire oublier que l'on va mourir.

Car y-a-t- de divertissement plus puissant que la vie?

Il y a une définition assez célèbre de la vie que nous donne D’Ormesson: si  c’est l'ensemble des forces qui résistent à la mort' , l'inverse serait que la vie c'est ce qui meurt. La vie et la mort sont unies si étroitement qu'elles n'ont de sens que l'une par l'autre.

Le secret de la vie, c'est qu'elle se confond avec la mort et qu'il n'y a pas de vie dès qu'il n'y a pas de mort. la vie et  un chant d'amour que parce qu'elle est un chant de mort.

Et me voilà aujourd’hui, dans ce que je me dois de reconnaître, que dans ma vieillesse (Oh que je déteste ce mot!) je redécouvre la vie et tout ce qu’elle a à nous offrir.

Pourquoi partir lorsque nous sommes si bien ici?

En guise de compensation, je pourrais dire que la mort n'est pas la fin de tout puisqu'il y a le souvenir et la mort n'efface pas le souvenir. Or, le souvenir n'est rien d'autre qu'une espèce d'imagination. Cette imagination  qui n'en finit jamais de renaître de ses cendres et le souvenir du souvenir.

Je pourrai conclure avec ce mot sympathique:

La vie n’est qu’un voyage solitaire, a dit le philosophe… C’est faux. La vie est un théâtre, une aventure, une mission, un devoir surtout… Nous ne vivons pas pour nous-mêmes, nous vivons pour les autres et ces autres sont nos descendants, nos prochaines générations. Nous leur préparons le chemin, nous les instruisons de nos connaissances, de nos expériences, de notre amour de la vie et surtout de notre admiration.

Jacques HADIDA