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La réalisatrice Kathy Wazana relève le besoin universel de se rattacher à une identité

La réalisatrice Kathy Wazana relève le besoin universel de se rattacher à une identité
 

 

Tanger, 20 jan (APS) – La réalisatrice Kathy Wazana, auteur du documentaire ‘’Pour une Nouvelle Séville’’ (en compétition au Festival national du film), estime que l’absence de rattachement à une ou des identités place l’individu dans une situation d’insécurité et l’incapacité de s’insérer dans n’importe quelle société.

 

‘’Il y a eu un besoin pour les gens de se rattacher à leur identité pour pouvoir s’insérer dans n’importe quelle société mais avec la force que ça donne. Je crois que c’est ce besoin-là est universel. Sinon on est insécurisé’’, a-t-elle dit, dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de l’APS.

‘’On peut beaucoup mieux fonctionner dans n’importe quelle société, même si elle est très différente, même si on acquiert des façons d’agir différentes, si on est bien ancré dans notre propre identité’’, a-t-elle ajouté.

‘’Pour une Nouvelle Séville’’, le film présenté en compétition à Tanger, s’intéresse à l’exode forcé des juifs marocains vers Israël, à l’impact qu’il a eu sur ceux qui sont partis, ceux qui sont restés et la terre ancestrale qu’ils ont abandonnée. L’œuvre en même temps porte sur l’identité de Juif-Arabe, cette double identité.

Pour la réalisatrice, la conscience qu’elle a de ses identités multiples fait qu’elle fonctionne ‘’très bien en tant que Canadienne’’ parce qu’elle est aussi ‘’Marocaine, fière de l’être, juive’’, ayant ‘’des racines très profondes dans le judaïsme et aussi dans le Maroc’’.

Elle ajoute : ‘’Je me dis aussi Africaine et c’est cela qui me permet de travailler avec des militants africains au Canada. Parce qu’on a ça en commun : savoir qu’on a des référents ailleurs qui informent notre travail dans la société aujourd’hui’’.

Kathy Wazana a souligné qu’il s’agissait pour elle, dans son film documentaire, de ‘’donner voix à ceux qui s’identifient comme Juifs-Arabes’’. ‘’C’est une déclaration politique que de dire qu’on est Juif-Arabe parce qu’on pouvait aussi bien dire qu’on est Juif-Marocain, qu’on est Sépharade, Juif-Berbère ou bien ne pas le dire’’.

‘’Ceux qui ont été déplacés et installés en Israël à la suite de la partition de la Palestine, Israël avait besoin de judaïser Israël, a-t-elle rappelé. Ils sont venus chercher des juifs dans tous les pays arabes. Arrivés en Israël ces juifs se sont trouvés dépossédés de leur identité, de la culture, de la langue et coupés de leur arabité. Il fallait haïr l’arabe et pouvoir le voir comme ennemi et pouvoir le combattre.’’

Dans son travail d’enquête, la réalisatrice s’attache à montrer l’instrumentalisation des juifs marocains et les autres venus du monde arabe pour justifier la persécution des Palestiniens. Il y a aussi, dit-elle, le souci de faire voir ‘’une mémoire de ce qui a été et un espoir de ce qui pourrait être’’.

Prié de donner son point de vue sur l’impact de la mémoire historique, Kathy Wazana a rappelé que dans les années 1960, des générations et des générations de Canadiens et d’Américains d’origine africaine, après avoir été arrachées à l’Afrique, ont connu une période de recherche des racines. ‘’Ce travail-là a été très important pour nous inspirer’’, a-t-elle indiqué.

‘’Le combat des Noirs américains a inspiré tous ceux qui, comme nous, ont été arrachés à leur terre d’origine, a insisté la réalisatrice. On ne le voit pas seulement chez les juifs marocains, on le voit aussi chez des populations des Caraïbes qui retrouvent des origines soit en Inde, soit en Chine ou en Espagne’’, a-t-elle dit.

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