Share |

Israël, leader en pisciculture

Israël, leader en pisciculture 


 

Le développement de la pisciculture est étroitement lié à l’histoire d’Israël. Au début du XXe siècle, eu égard à la pauvreté dominante, la viande était véritablement un luxe. Le poisson constituait alors un aliment bon marché et source de protéines. Jusque dans les années 30, c’est la pêche côtière et les ressources piscicoles du lac de Tibériade qui approvisionnent le Ychouv en poissons, tandis que l’importante communauté ashkénaze encourage l’importation de carpes pour le traditionnel guefilte fish. 

 

Quelques années plus tard, par souci d’indépendance, une nouvelle idée apparaît : l’aquaculture. Au sud d’Acco, la création d’une ferme expérimentale en confirme le bien-fondé et la faisabilité. Nous sommes en 1935. Le kibboutz Nir David, dans la vallée de Bet Shean, se lance alors dans l’élevage de la carpe commune (Cyprinus carpio). L’Agence juive et les chercheurs de la jeune Université de Jérusalem soutiennent le développement de cette nouvelle industrie, qui se répand dans le nord du pays et dont les résultats dépassent toutes les espérances. En 1948, 71 % des poissons consommés en Israël proviennent de la pisciculture, dont les étangs d’élevage couvrent 3 800 hectares avec une production de 7 400 tonnes. 

Au début des années 50, les aquaculteurs, qui maîtrisent à présent l’élevage de la carpe, recherchent à développer d’autres espèces de poissons. Leur choix se porte sur le Tilapia bleu (en hébreu : amnon moucht’), connu pour son adaptation aux climats chauds. En 1956, le mulet gris fait son apparition, puis en 1969 la truite arc-en-ciel. D’autres espèces seront également étudiées et acclimatées, comme la perche argentée et le bar rayé. En 2005, la production annuelle dépasse les 20 000 tonnes par an. 

http://www.aquafeed.com/images/articles/Yakov%20Peretz.jpg

L’aquaculture israélienne n’aurait pas connu un tel succès sans l’aide d’instituts de recherche appliquée, comme les stations de Dor, de Nir David et de Genossar, qui permirent de mieux sélectionner les alevins, de vaincre certains virus qui s’attaquaient aux poissons et d’arrêter la prolifération d’algues dans les bassins. Mais la principale difficulté provenait de la rareté de l’eau disponible. Aujourd’hui, la majorité des élevages se pratique en étangs oxygénés, dans lesquels l’eau pénètre au travers d’un filtre biologique. Cette méthode permet d’obtenir des résultats impressionnants (20 kg de poissons par mètre cube d’eau). Moins importants en tonnage et plus traditionnels sont les élevages en eau vive (« raceways » du fleuve Dan, vallée du Jourdain) ou en cages flottantes (Eilat, bord de la Méditerranée). 

http://media.rtl.fr/online/image/2010/0417/5938708594_Dans-une-ferme-aquacole-du-Kibboutz-Mashabe-Sade-en-plein-desert-L-eau-est-puisee-a-1200-m-de-profondeur-Elle-est-salee.JPG

 

Dans les années 90, la découverte d’importantes ressources d’eau faiblement salée et d’origine géothermiques dans le Néguev et la Arava a permis la création d’une « aquaculture du désert », où 20 fermes piscicoles élèvent des espèces tolérantes au sel, comme la perche barramundi et le bar. Après son passage dans les bassins d’élevage, l’eau – riches des déchets naturels produits par les poissons – est réutilisée pour irriguer toute une variété de récoltes allant des tomates en serre au fourrage de bétail. C’est ainsi que le kibboutz Mashabbe Sade, en plein Néguev, qui élève 15 000 poissons, recycle chaque année 500 000 mètres cubes d’eau pour développer des plantations d’oliviers, de jujubiers et de palmiers dattiers. Cette complémentarité entre pisciculture et agriculture du désert est une innovation israélienne, qui exporte son savoir-faire vers de nombreux pays du Tiers Monde. Si Israël se rapproche de l’autosuffisance en matière d’alimentation piscicole, il n’empêche que les exigences des consommateurs soutiennent toujours l’importation de saumons du Canada et de Norvège, ainsi que des perches du Nil, produits au Kenya ou en Ouganda. Quoiqu’il en soit, les professionnels du secteur anticipent une production locale proche de 30 000 tonnes en 2020.

 

David Jortner

Commentaires

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
CAPTCHA
Cette question permet de s'assurer que vous êtes un utilisateur humain et non un logiciel automatisé de pollupostage (spam).
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.

Contenu Correspondant