Share |

Répondre au commentaire

Maroc : 100 ans d’interactions judéo-musulmanes en photos

 


Adil Faouzi a déjà publié plus de 2 500 photos et vidéos sur Instagram

Adil Faouzi, 20 ans, est à la tête d’un projet unique à but non lucratif "Murakuc" visant à mettre en valeur la diversité de l'histoire et de la culture du Maroc, y compris la beauté du patrimoine juif marocain. À travers des centaines de photographies datant de 1900 à 2000, il livre en arabe et en anglais, un récit photo vivant du passé du Royaume du Maroc. i24NEWS a eu le privilège d’interviewer celui qui sublime l’héritage marocain en publiant ces archives sur les réseaux sociaux, afin qu’elles ne tombent pas dans l’oubli. Grâce à cette initiative originale, Adil offre un regard nouveau sur son pays, entre tradition et modernité. 

 

 

Le nom du projet "Murakuc", est dérivé de la langue amazighe. Le mot "Murakuc" est notamment une variante de "Marrakech" dans la langue locale. "J’ai commencé ce projet le 14 février 2021, une date qui n'a pas été choisie au hasard. Alors que le monde entier célébrait la Saint-Valentin, j'ai choisi d'exprimer mon amour pour le Maroc d'une manière exceptionnelle. L'idée est née d'un désir intense de partager les multiples facettes du pays, ses coutumes et ses traditions. J'ai été inspiré par les récits de la résistance marocaine à l'époque du protectorat français", révèle Adil.

Le projet couvre une multitude d'aspects de la culture marocaine, y compris l'héritage juif, qui est intimement lié à l'histoire du pays. Les racines du jeune homme, profondément ancrées dans le pittoresque village amazigh de Talat N'yaacoub, situé à environ 100 km de Marrakech, qui reflète un mélange culturel, sont à l'origine de sa fascination pour le patrimoine marocain.


Adil Faouzi
Adil FaouziAdil Faouzi

"Mon projet vise à transmettre un message d'unité, de coexistence et d'appréciation de notre pays. Je pense que la compréhension de notre passé, la reconnaissance des divers éléments qui constituent notre culture et l'histoire commune des communautés musulmane et juive peuvent favoriser un sentiment profond d'unité nationale et de respect mutuel", affirme Adil.

Des photos historiques poignantes

A ce jour, le jeune homme a déjà publié plus de 2 500 photos et vidéos sur Instagram et le projet remporte un franc succès auprès des internautes.

"Certaines photos sont issues de collections personnelles transmises par ma famille, qui font écho aux récits d'antan. C'est ce lien intime que je cherche à transmettre au public, mais ma quête d'images va au-delà de mes propres collections. L'une des principales sources est constituée par les personnes qui me suivent, qui apportent généreusement leurs photographies, élargissant ainsi la portée du projet. Ces photos, associées à celles des plateformes telles que GettyImages, Alamy Images, les Archives diplomatiques françaises et les archives de la Bibliothèque nationale d'Israël, font de Murakuc une riche bibliothèque de récits visuels", raconte Adil.

Les photos sont méticuleusement sélectionnées pour s'assurer que chacune d'entre elles raconte une histoire singulière, reflète un moment marquant et dépeint une facette rare et authentique de la vie marocaine. 


Centre de la Culture Judéo-Marocaine à Bruxelles.
Centre de la Culture Judéo-Marocaine à Bruxelles.Ecole juive à Arfoud, Maroc, 1953

"Ce processus minutieux est particulièrement important lorsque les photos présentent des événements historiques majeurs ou illustrent la coexistence entre musulmans et Juifs marocains. Par exemple, les vidéos exclusives d'une interview du roi Hassan II avec la télévision nationale israélienne en 1994, témoignent des liens établis de longue date entre Israël et le Maroc. Par ailleurs, j’ai eu l'honneur de publier des photos des visites des dirigeants israéliens au Maroc. Celle de Shimon Peres, ancien président et Premier ministre d'Israël, a été un moment particulièrement fort. Cela souligne la longévité des relations israélo-marocaines, un aspect historique qui en surprend souvent plus d'un. Le rôle joué par le Maroc dans le maintien de la paix entre Israël et ses voisins arabes est essentiel et renforce le statut du Maroc en tant que terre de paix", relate-t-il.


ABDELHAK SENNA/AFP/GettyImages
ABDELHAK SENNA/AFP/GettyImagesLe roi Hassan II du Maroc (R) accueille le 13 décembre 1995 au Palais Royal de Bouznika à Rabat le Premier ministre israélien Shimon Peres (L) avant leurs entretiens sur les derniers développements dans le processus de paix au Moyen-Orient

En outre, une autre série de photographies émouvantes documentent notamment l’Alyah des Juifs marocains en Israël et leur parcours en Terre sainte.

1900 à 2000, "une ère de transformation spectaculaire pour le Maroc"

Cette période choisie par Adil a été marquée par la résistance, l'indépendance, l'évolution culturelle et le changement sociétal. Les photos et leurs récits offrent une fenêtre sur l'évolution de la société marocaine, sur une centaine d'années. 

"Les photos illustrent la bravoure et la détermination des Marocains pendant la résistance, l'euphorie de l'indépendance, l'évolution de nos villes et la résilience. La coexistence des Juifs et des musulmans marocains pendant cette période et leur culture commune, est un témoignage puissant de l'histoire diversifiée et inclusive du Maroc. Ces images relatent l'histoire d'un pays qui se modernise tout en conservant son identité, ce que je m’attache à défendre avec Murakuc", déclare Adil.


Centre de la Culture Judéo-Marocaine à Bruxelles
Centre de la Culture Judéo-Marocaine à BruxellesLe roi Mohammed V à son retour au Maroc de son exil à Madagascar en novembre 1955, avec les trois rabbins de Meknès

Une place de choix pour la culture juive

La culture juive occupe une place prépondérante dans le projet "Murakuc". Les Juifs font partie du tissu socioculturel marocain depuis plus de 2000 ans, contribuant immensément au développement économique, social et culturel de la nation. 

Leur influence est notamment perceptible dans les domaines du commerce, de l'artisanat, de la musique et de la cuisine. En outre, la Constitution marocaine de 2011 marque une étape importante dans la reconnaissance de ce patrimoine commun, puisqu'elle reconnaît officiellement la composante hébraïque comme partie intégrante de l'identité marocaine. 

Dans l'art marocain, l'influence juive est aussi très présente et célébrée. Les musiciens et compositeurs juifs ont notamment contribué à l'évolution des genres musicaux marocains traditionnels, comme la musique classique andalouse et le chaabi. Le quartier juif, ou Mellah, de nombreuses villes marocaines, témoigne de l’histoire d'art architectural où l'influence juive marocaine est proéminente, mêlant les styles islamique et juif. Les orfèvres juifs ont considérablement influencé la conception des bijoux marocains, créant un mélange unique apprécié dans le monde entier.


Centre de la Culture Judéo-Marocaine à Bruxelles

Centre de la Culture Judéo-Marocaine à BruxellesUn couple de Juifs marocains en 1960 à Casablanca

"En ce qui concerne le partage de ces photos, bien qu'Instagram ait été une plateforme fantastique pour atteindre un large public, j’aimerais les exposer ailleurs. J'étudie actuellement les possibilités de collaboration avec des institutions culturelles, des bibliothèques et des musées. J'ai bon espoir que ces photos donnent lieu à des débats et favorisent une meilleure compréhension de notre patrimoine", a conclu Adil.

Fraîchement diplômé de l’Ecole Supérieure de l'Education et de la Formation BENI MELLAL, Adil a également obtenu une licence en administration des affaires et se prépare à poursuivre ses études avec un master en études des médias au Qatar ou en Israël.

Caroline Haïat est journaliste pour le site français d'i24NEWS

 

Répondre

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
CAPTCHA
Cette question permet de s'assurer que vous êtes un utilisateur humain et non un logiciel automatisé de pollupostage (spam).
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.

Contenu Correspondant