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Souvenirs

Tétouan (anciennement Tamuda), détruite par les Espagnols en 1399, est reconstruite à la fin du 15è siècle grâce à l'arrivée de juifs et de musulmans fuyant l'Inquisition. La communauté juive de la ville a donc la particularité d'être entièrement séfarade et hispanophone - comme en témoignent la majorité des grandes familles de Tétouan: Abudaraham, Almosnino, Bendelac, Bibas, Cazès, Coriat, Crudo, Falcon, Hadida, Nahon, Taurel...

Tous les souvenirs d'enfant se ressemblent et pourtant chacun est personnel. J'ai beau vous entendre raconter vos aventures et m'apercevoir qu'effectivement elles ont un air de famille, les nôtre étaient uniques au monde, comme la rose du Petit Prince, parce qu'il s'agissait de nous. La réalité se transforme peu à peu en souvenirs et chaque jour qui passe les rend plus vivaces et plus purs.

Ce jour-là, au 114 Boulevard de Montmartre, l’ascenseur était en panne, et Edmond Amran El Maleh m’attendait en haut de la rampe d’escalier. Il me parut alors si vieux et sage que je ne l’imaginais pas quittant son domicile et remontant tous ces étages. 

1- Le gros est toujours le gardien

2- Le match se termine uniquement si tous les joueurs sont fatigués (sauf règle 6)

3- Peu importe le score, l'équipe qui marque le dernier but remporte le match

De 1971 à nos jours, traces d'une communauté juive marocaine, entre absence et présence, entre exode et retour.

Dans le temps, avant la caisse à merveilles (c’est ainsi qu’on nommait la télé qui n’était alors qu’en noir et blanc), avant ses premières cocasseries théâtrales temtiliennes, on n’avait que des diables en boîte ou diables à ressort.

Tmima quittait son mellah tous les jours, de son pas nonchalant, un panier en osier qu'elle balançait d'une main pour récolter son salaire, l'équivalent d'une théière remplie de blé, tandis que de l'autre, elle tenait son petit dernier. Elle ondoyait son corps altier aux seins lourds, la tête couverte, drapée dans son izaar retenu par un losange en argent parfaitement ciselé, une ceinture épaisse à la taille enserrant une large jupe qui claquait au vent dans ces petites ruelles poussiéreuses des villages marocains.

Jusqu’en 1950, et en dépit de notre grande maison et de son luxe, nous n’avions pas de salle de bain pour la simple cause que très peu d’entre les habitants du Mellah avaient pris connaissance de cet élément indispensable. Tous employaient de grandes bassines en aluminium qu’ils remplissaient d’eau chaude et plongeaient dedans.

J’empruntais l’impasse Bouhenna et marchais bien au milieu de la ruelle puisqu’il n’y avait pas de trottoir, esquivais pierres et quolibets de quelques arabes, aidais à freiner quelques forcenés à bicyclette, essuyais des remarques dans le style de “ sale porc” et “ sale juif ” et débouchais gaiement sur le boulevard Moulay Youssef

Et quelles sont-elles? Par ordre de leur apprentissage au cours des années:Le Français, l’Arabe, (ال عربي) l’Espagnol( español),  l’Hébreu,( עברית) l’Anglais (English)  et l’Italien ( italiano).

Synonyme de ghetto pour juifs marocains pour les uns, de tolérance et de dialogue interreligieux pour d’autres, ces quartiers très riches par l’histoire et les leçons de vie sont de plus en plus délaissés, à en croire les témoignages de leurs anciens et actuels habitants.

Une vidéo rare des Archives de l'United Jewish Appeal montre cette harmonie et fraternité que les anciens marocains nos parents partageient dans une cohabitation et respect mutuel qui a malheureusement disparu.

Etymologiquement, le mot « melh » signifie en arabe « sel » tandis que « mellah » désigne le lieu où l’on conserve les produits avec le sel des « saloirs ». D’une façon générale au Maroc, le Mellah signifie surtout le quartier réservé aux habitants de confession juive.

Tout Casablancais vous le dira : «à voir l'état  du Bd Mohammed V, j'ai l'impression qu'une partie de mon enfance m'a été dérobée». Bien sûr, nous parlons de ceux qui ont connu cette artère du temps de sa superbe, à l'époque où cette voie était digne de porter un nom aussi chargé de sens et d'histoire.

Parmi les histoires presque oubliées de la période de la Shoa il y a celle d’Hélène Cazes-Benattar qui durant la Seconde Guerre mondiale devint à elle-seule une véritable institution de sauvetage de ses frères juifs européens réfugiés au Maroc. Née Cazes en 1900 à Tanger, elle « émigra » à Casablanca et épousa Moshé Benattar.

Cinq heures, la cloche a sonné, l’école vient de finir. -Caliente ! Caliente ! Le marchand de jaban, celui des beignets, la charrette du marchand de cacahuètes ; tout le monde est au rendez-vous.

Charly était l’homme de toutes les heures. Petit de taille, les oreilles en ailes papillon, il avait le sourire facile et franc. Durant nos voyages scouts dans l’Atlas ou en Europe, ce Marrakchi relevait tous les défis avec brio et réglait en un rien de temps tous les imprévisibles.

Une porte, au bout de cette rue, raconte une histoire de trahison et de vocation, de séduction et de résistance, de grandeur et de bassesse. Nous sommes au milieu du XIXe siècle, les grands négociants juifs étendent leur commerce extérieur avec l'Angleterre. 

Une génération qui envoyait des lettres...
Qui dansait les slow.
Une génération qui est allée à l'école et est revenue à pied.
Une génération qui a fait ses devoirs seule pour sortir le plus vite possible jouer dans la rue.

Avant sa mort, Albert avait fait en la présence de Georges et de Joseph, le fils d'Henri, un accord avec ce dernier, qui disait, que si l’un d’eux devait mourir, le survivant serait responsable pour l’enfant de l’autre et devrait faire de son mieux pour le marier avec une fille sérieuse et de bonne famille.

A tour de rôle, nous avons fréquenté la garderie voisine, de l'école Charcot, avant d'user nos culottes sur les bancs de l'école d'Anfa, toute proche. Les nombreux souvenirs que j'ai conservés de cette école, des instituteurs et de son directeur Mr Lebouté

Marrakech Cité éternelleraconte la ville ocre du Sud du Maroc grâce à des photos de particuliers et à des cartes postales signées Maillet, Félix ou encore LL. Elles témoignent d’une ville agréable à vivre, une ville-jardin riche de monuments anciens d’une grande beauté architecturale et qui pour ceux qui les recevaient permettaient de découvrir un monde ignoré, exotique et dépaysant.

J’habite au Maroc après un demi-siècle d’absence à Los Angeles. Pourquoi ? Le soleil, la menthe, la Loubia ? Oui.

J’ouvre l’œil ce 24 Mai 1944 à Casablanca et j’estime être né sous de bons auspices, en tout cas sous des auspices très particuliers. L’Allemagne nazie recule sur tous les fronts. Un vent de renouveau flotte dans l’air et particulièrement pour les juifs. 

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