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Le Technion, ce “MIT” israélien qui attire tant les étudiants français

 

 

 

 

Le Technion, ce “MIT” israélien qui attire tant les étudiants français

De notre correspondante à Tel Aviv, Nathalie Hamou

 

 

 

Le campus de Haïfa, qui accueille près de 130 étudiants français, a multiplié les partenariats avec de grandes écoles tricolores, dont Polytechnique. Réputé pour ses cursus en informatique et en ingénierie, l’institut technologique israélien permet surtout de combiner l’apprentissage des sciences appliquées et celui de l’entrepreneuriat.

Tout le monde le constate : la langue de Molière se fait de plus en plus entendre dans les allées arborées du Technion. Perché sur le mont Carmel, au-dessus de la baie de Haïfa, l'institut technologique israélien attire en effet un nombre croissant de délégations tricolores et d'étudiants français. “Le drapeau bleu blanc rouge est très bien positionné sur ce campus, considéré ici comme l'équivalent du MIT de Boston”, confirme Muriel Touaty, directrice générale de Technion France, une association à but non lucratif chargée de représenter l'institut en France et Europe francophone.

“Cette dynamique résulte notamment des accords académiques signés ces dernières années entre le Technion et plusieurs institutions françaises”, poursuit-elle. Lors de la visite d'État du président François Hollande en Israël, l'École polytechnique a ratifié fin 2013 un accord cadre avec l'établissement de Haïfa prévoyant l'accueil de professeurs invités, l'échange d'étudiants et le développement de la recherche en partenariat.

“La France, deuxième partenaire du Technion après les États-Unis”

En septembre 2015, sous l'égide du ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, un second accord a été conclu entre les deux institutions afin de promouvoir la coopération entre leurs deux accélérateurs respectifs, X-Up et le T-Factor. Et le Technion a signé des partenariats similaires avec l'institut Mines-Télécom (fin 2014), comme Paris Sciences et Lettres (fin 2015) en matière de formation et de recherche. De sorte que, précise Muriel Touaty, “la France est désormais le deuxième partenaire du Technion après les États-Unis”.

Concomitamment, on estime à environ 130 le nombre d'étudiants français qui suivent à l'heure actuelle un cursus au Technion, de la première à la quatrième année, avec 30 à 40 nouveaux inscrits à chaque rentrée, un chiffre en forte progression. Sans compter une vingtaine d'étudiants de master ainsi qu'une dizaine d'élèves des écoles partenaires venant effectuer des stages au sein de l'institution.

Une réputation dans l'ingénierie et l'entrepreneuriat

Natif de Nice, Jonathan, qui a intégré l'École polytechnique voilà 3 ans, effectue ce semestre son stage de 5 mois au sein du Technion dans le domaine du big data. “J'avais le choix entre les campus de Berkeley et de Columbia, souligne-t-il. Mais j'ai préféré rejoindre un laboratoire de recherche du Technion. Ce qui m'a motivé au premier chef, c'est la qualité de mon mentor, à savoir le professeur Aharon Ben-Tal, l'un des fondateurs d'une branche de l'optimisation en mathématiques appliquées.”

Ancien élève de Louis-le-Grand, Nathan, 22 ans, aurait pu pour sa part poursuivre ses études en classe préparatoire au sein du prestigieux établissement parisien. Toutefois, son choix s'est porté sur une licence de sciences de l'informatique du Technion. En fin de première année, il a surtout fait partie des 5 candidats de la filière (sur un total de 100 candidats) retenus pour le programme lapidim (flambeaux, en hébreu). Un parcours ultrasélectif lui permettant de disposer de conditions privilégiées – bureau privatif, stages en entreprise, cours d'économie – et d'être recruté dans les meilleures unités de l'armée…

Cet engouement des étudiants français pour le Technion ne doit rien au hasard. Vu de Paris, qui promeut ardemment sa “French Tech”, une réalité s'est imposée : non seulement le campus de Haïfa forme la plupart des ingénieurs du pays et a joué un rôle-clé dans l'essor du secteur israélien des hautes technologies, mais encourager l'entrepreneuriat fait partie de son ADN. Implantée non loin des centres de R&D de Microsoft, Intel, IBM ou Yahoo, l'institution bénéficie en effet d'un écosystème porteur.
Totalisant trois des lauréats du prix Nobel de chimie (sur les six Israéliens depuis 2004), elle fait partie des hauts lieux de l'innovation d'Israël. Parmi les inventions dont est crédité le Technion : la messagerie instantanée, un médicament contre la maladie de Parkinson commercialisé sous le nom d'Azilect, l'irrigation goutte-à-goutte et la clé USB.

Fort d'environ 14.000 étudiants répartis dans quelque 18 facultés – de la médecine aux sciences de l'informatique en passant par les nanotechnologies –, le Technion a, il est vrai, développé des pôles d'excellence.

Arrivée à l'âge de 17 ans, son bac S en poche, Melany a ainsi opté pour une licence en génie industriel et gestion, un cursus axé sur les statistiques et les modèles mathématiques appliqués à la chaîne de valeur de la gestion de matières premières au service client. “Grâce à cette formation, je peux toujours exercer mon métier en France ou ailleurs", précise cette étudiante originaire de Puteaux (92), qui se satisfait aussi d'avoir pu apprendre le chinois lors de sa formation israélienne. Je travaille aujourd'hui dans une société internationale et le Technion a joué un rôle prépondérant dans mon embauche.”

Une certitude : la possibilité de combiner l'apprentissage des sciences appliquées et celui de l'entrepreneuriat reste un atout phare du campus de Haïfa. Nombre d'ingénieurs formés au Technion n'hésitent pas à lancer leur propre entreprise, à l'image du gourou du high-tech israélien, Yossi Vardi, un ancien élève qui a contribué à la création de quelque 60 sociétés dans le pays.

Selon l'institut Samuel Neaman pour les études en sciences et technologie, près d'un quart des 60.000 diplômés du Technion ont fondé leur société, un autre quart occupant le poste de CEO ou vice-président. Tandis que la contribution des anciens élèves de l'institut à l'industrie high-tech est estimée à plus de… 21 milliards de dollars.

La vogue des séjours courts

Cette année, pas moins de 200 étudiants issus des campus de HEC (une centaine), de l'ESCP ou de l'ESSEC se sont rendus en Israël dans le cadre des “voyages découverte” organisés traditionnellement par les grandes écoles au printemps. Une participation record à un séjour mêlant les visites des grandes villes, les lieux saints et les universités. À l'issue de ce voyage, les étudiants qui, à 70 %, n'avaient jamais mis les pieds dans l'État hébreu, ont fait part du “choc des cultures” qu'ils ont ressenti à Jérusalem, et du bouillonnement créatif rencontré sur place… Autre point d'entrée : les stages. La “Nation start-up” accueille en effet près de 200 stagiaires français par an, pour moitié recrutés par leur employeur à l'issue de leur séjour.

Étudier en Israël mode d'emploi

Israël a toujours attiré les étudiants internationaux, soit en sa qualité de terre d'immigration, soit en raison des accords de coopération bilatérale, notamment avec la Chine, où le Technion a ouvert une antenne… Pour autant, l'attrait des campus israéliens semble particulièrement marqué chez les jeunes Français qui seraient chaque année environ 350 à faire ce choix, selon Arie Abitbol, directeur du département européen et du projet “Expérience Israël” au sein de l'Agence Juive.
Certes, tous ne sont pas en mesure de suivre une filière d'excellence au sein des établissements les plus prisés, qu'il s'agisse du Technion ou de l'Université hébraïque de Jérusalem, qui requièrent souvent une mention au bac (scientifique), une note élevée aux examens psychométriques, sans oublier la maîtrise de l'hébreu. Mais pour les plus déterminés, tout reste possible. “Je suis venu en Israël avec un bac S d'un niveau moyen, raconte ainsi Michael, et j'ai réussi à entrer en licence de génie civil au Technion après 1 an de remise à niveau dans une école d'ingénieurs israélienne.” Autre argument de poids : le coût relativement modeste de l'année d'études, de l'ordre de 2.000 € par an au Technion, qui peut être en partie financé par l'État avec le statut de nouvel immigrant.

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