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Embruns festifs à Tel-Aviv

Embruns festifs à Tel-Aviv Par Jean Michel de Alberti, L'Express

Tel Aviv redessine l'art de vivre méditerranéen dans un esprit moderne et connecté. Cinéastes et romanciers n'ont cessé d'être inspirés par le thème de la bulle à l'évocation de cette ville, insouciante, se préoccupant peu des brûlures politiques de son pays et de ses voisins. Un premier regard valide cette image tenace, les tourments de la grande ville s'apaisent le long des plages du littoral urbain.

Toutes les Méditerranées s'y retrouvent au gré du creuset de population propre à Tel-Aviv: de la lointaine Goulette tunisienne aux sons électroniques venus des plages espagnoles, les pratiques de la mer sont multiples. On y boit l'arak, on fume le narguilé, on joue au volley-ball, on discute pendant des heures, on drague en surfant sur son portable... 

Une grande diversité

Rares sont les villes balnéaires à pouvoir afficher sur le sable une telle diversité sociologique : gays, femmes voilées, communauté orthodoxe, jeunes ravers et retraités ultra-bronzés fixent le même horizon bleuté. Le pouvoir d'attraction du rivage est tel que tous les acteurs de la ville se doivent d'y être présents. Le prestigieux musée des Arts de Tel-Aviv s'est lancé l'année dernière dans une grande campagne promouvant l'art à la plage.  

Des reproductions de chefs-d'oeuvre issus de ses collections ont été placées près de la mer pour attirer les visiteurs. Idem pour la municipalité, qui organise chaque année sur la plage de Metzitzim de nombreuses activités pour les familles. Une salle de classe les pieds dans le sable a été inaugurée cet été, destinée aux visiteurs qui souhaitent apprendre les rudiments de l'hébreu. Familles éthiopiennes, jeunes Russes, travailleurs chinois et philippins, ayant immigré plus récemment, ont, eux aussi, conquis leur bout de plage, une pause méritée face à la frénésie urbaine.  

Cette attraction balnéaire remonte à loin. La photographe Gillian Laub cite en préambule à son travail le romancier Sholem Asch, qui écrivait, dès 1937: "Chaque juif a deux requêtes à faire auprès de Dieu: dans l'au-delà, trouver une place au paradis et, sur terre, une place sur la plage à Tel-Aviv." Poser sa serviette face à la mer n'est cependant pas le plus compliqué: des quartiers devenus hype de Jaffa à ceux, plus résidentiels et chics, du nord, le choix est vaste. 

Surf, plage, musique et jeunesse

Les plus athlétiques plébiscitent la plage du Hilton, on peut y pratiquer facilement les sports nautiques à la mode. La plage est festive de jour comme de nuit, elle est aussi connue pour attirer la population gay. Les locaux apprécient la plage Banana, notamment pour sa jolie vue sur Jaffa, ou la très traditionnelle plage de Geula, qui attire toutes les générations d'Israéliens. Celle de Gordon est tournée depuis toujours vers la fiesta, avec DJ, bars et restaurants à la mode. Au-delà de l'image classique de la fête, le sport est devenu une affaire sérieuse sur les plages de Tel-Aviv. 

Les jours de mauvais temps, synonymes de grosses vagues, le surf est à l'honneur. Les clubs de Gordon et du Hilton sont très réputés, défier la vague sur des plages situées en pleine ville est un des musts pour les amateurs. On croise les surfeurs très tôt le matin, certains ont adopté une planche que l'on ne voit qu'à Tel-Aviv, le hassaké -l'ancêtre du paddle-, à privilégier par temps calme. L'engouement international pour le yoga n'a évidemment pas oublié les plages de la ville.  

Il se pratique au lever ou au coucher du soleil, selon les envies du moment. La mer est encore chaude à l'automne, autorisant la baignade jusqu'en décembre avec des eaux à 20 degrés. Le voyage semble multiple à Tel-Aviv, le quartier de Jaffa par ses murailles et petites rues évoque les cités antiques de la Méditerranée. 

Les traces d'une histoire millénaire voisinent avec les boutiques les plus branchées du moment. La première ville mondiale du Bauhaus se découvre au centre de Tel-Aviv, avec plus de 1000 bâtiments, datant des années 1920, classés au Patrimoine mondial par l'Unesco. Moins intéressant d'un point de vue architectural, le littoral tel-avivien ne cesse toutefois de polariser l'attention de tout visiteur, des petits matins calmes aux soirées les plus folles. Comme l'évoque la chanson de Naomi Shemer, grande figure musicale de la ville, disparue en 2004, "de l'écume des vagues je me suis construit une ville blanche". 

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